Le groupe Bourbon, spécialiste de l’assistance maritime pour le secteur pétrolier offshore, se trouve au centre d’un scandale de corruption qui implique des agents fiscaux dans plusieurs pays africains. Ce vendredi, le tribunal correctionnel de Marseille a rendu son verdict, condamnant le PDG Gaël Bodénès à deux ans de prison avec sursis et à une interdiction de gestion pour une durée de trois ans.
L’affaire remonte à octobre 2012, lorsque les douaniers de l’aéroport de Marseille ont découvert 250 000 dollars en liquide dans la valise de Marc Cherqui, alors directeur fiscal de Bourbon. Cette découverte a déclenché une série d’investigations qui ont révélé des pratiques de corruption systématiques dans des pays comme la Guinée Équatoriale, le Cameroun et le Nigeria, tous connus pour leur mauvaise gouvernance.
Révélations et Accusations
Les enquêtes ont mis en lumière plusieurs cas de corruption visant à réduire des redressements fiscaux conséquents. En Guinée Équatoriale, un intermédiaire a perçu 400 000 euros pour réduire une imposition de huit millions d’euros à seulement 44 849 euros. Au Cameroun, 150 000 euros ont été versés pour éviter une ardoise fiscale de 11 millions d’euros. Au Nigeria, des paiements totalisant 2,7 millions de dollars ont été effectués pour ramener une imposition de 227 millions de dollars à 4,1 millions de dollars.
Le tribunal a jugé que ces décisions étaient prises au niveau du groupe, attribuant la responsabilité aux directeurs généraux délégués réunis au sein du Comité exécutif de Bourbon. Gaël Bodénès, Laurent Renard et Christian Lefevre ont été désignés comme les principaux auteurs des infractions.
Défense et Verdict
Malgré la gravité des accusations, le tribunal a noté que le groupe Bourbon n’était pas à l’initiative de ces propositions de versements d’argent. Cependant, l’entreprise avait mis en place des montages fiscaux risqués qui l’exposaient à des redressements fiscaux et à des demandes de pots-de-vin dans des pays qualifiés de « très dangereux ».
Les peines prononcées incluent deux ans de prison avec sursis et une amende de 80 000 euros pour Gaël Bodénès et Laurent Renard, ainsi qu’une interdiction d’exercer des mandats sociaux pendant trois ans. Christian Lefevre a été condamné à 30 mois de prison avec sursis en raison d’une condamnation supplémentaire pour travail dissimulé.
Conséquences et Réactions
Le parquet avait requis des peines de un an à 18 mois de prison ferme contre les principaux accusés. Marc Cherqui, central dans ce dossier, a écopé de six mois de prison avec sursis et d’une amende de 30 000 euros. Les juges ont également ordonné la confiscation des 250 000 dollars trouvés dans ses bagages, soulignant que Cherqui agissait pour son propre profit.
Le conseil de surveillance de Bourbon, dans un communiqué, a pris acte de la décision du tribunal et a réaffirmé sa confiance en Gaël Bodénès, notant qu’il n’y avait pas de système généralisé de corruption chez Bourbon.
Cette affaire met en lumière les risques et les défis auxquels sont confrontées les entreprises opérant dans des environnements économiques et politiques instables. La gestion de ces risques est cruciale pour maintenir l’intégrité et la réputation des entreprises sur le marché mondial.