Dans un communiqué, l’UE sanctionnait le pétrole russe. L’institution interdisait aux opérateurs de la région d’assurer et de financer le transport maritime de pétrole russe vers des pays tiers. En conséquence, la région asiatique se retrouve potentiellement pénalisée par cette décision. Certains pays se posent déjà la question des options envisageables pour contourner ces sanctions.
La région asiatique impactée par les sanctions sur le pétrole
Il est peu probable que les importations asiatiques de pétrole russe ralentissent immédiatement suite aux sanctions. Néanmoins, les acheteurs de la région essaient de trouver des arrangements alternatifs pour maintenir les achats de pétrole russe.
En particulier, l’annonce incitera certains acheteurs chinois et indiens à la prudence. Malgré tout, pour les analystes, la déclaration de Dimitri Medvedev, vice-président du conseil de sécurité russe, entretient l’espoir que le pétrole russe à prix réduit continue sa route vers la région. Ce dernier estime que la Russie peut contourner l’interdiction de l’UE.
Il faut dire que la Russie est dépendante de la demande asiatique en pétrole. La Chine était le plus gros importateur de brut russe avant la COVID-19. En outre, huit cargaisons d’Oural russe doivent arriver dans le mois de juin. Ceci pour approvisionner les raffineries chinoises de Shandong. L’Inde importait 836 000 b/j de pétrole en avril contre seulement 274 000 b/j en mars selon les données de Kpler.
Les assurances à la rescousse des acheteurs ?
M. Medvedev, dans une déclaration, estime que la Russie compte contourner l’interdiction de l’UE d’assurer le pétrole russe. L’utilisation des garanties d’État est une piste privilégiée.
Cependant, des spécialistes pensent qu’il est difficile de mettre en œuvre cette technique. Parmi eux, Swati D’souza, analyste, se montre sceptique sur un acheminement potentiel en Inde. Il explique :
« Il est peu probable que les compagnies d’assurance indiennes interviennent pour fournir une couverture puisqu’elles ne pourront pas obtenir de réassurance. L’interdiction de l’UE aura un impact sur les importations de pétrole russe par les compagnies pétrolières indiennes. »
De plus, une source au sein d’une compagnie de réassurance chinoise déclare que sa société se retire des affaires liées au pétrole russe. Elle est consciente des incertitudes potentielles. Le marché chinois de l’assurance doit gérer tous les risques en fonction de sa propre capacité de souscription.
Une possible intervention de l’État
Afin de garantir des flux entrants suffisants pour la sécurité énergétique de la Chine, des compagnies d’assurances pourraient intervenir. Ce serait dans le cadre d’une obligation de Pékin.
Un négociant en pétrole d’une compagnie d’État chinoise s’attend à ce que la Chine et l’Inde achètent plus de pétrole russe. Le cours du brut russe était de 85,47 $ le 1er juin contre 122,96 $ pour le Brent. Il déclare :
« Il y a toujours moyen de faire entrer des bruts bon marché lorsqu’ils restent compétitifs même en tenant compte du fret et de l’assurance. »
Néanmoins, des sources du transport maritime nuancent les propos des partisans d’une intervention des États. Ils pensent que toute interdiction de l’UE d’assurer les pétroliers transportant du pétrole russe aura toujours des incidences pour les armateurs asiatiques. De nombreux armateurs indiens et chinois liés au pétrole russe devront réévaluer le risque et les retombées de ces activités dans un avenir proche.