La Turquie intensifie ses importations de gaz naturel liquéfié (GNL) face aux incertitudes géopolitiques et aux sanctions économiques imposées par les États-Unis contre Gazprombank. En décembre 2024, les volumes importés ont atteint leur niveau le plus élevé depuis février, traduisant une volonté de sécuriser l’approvisionnement énergétique pendant l’hiver.
Impact des sanctions américaines
Le 21 novembre 2024, les États-Unis ont étendu leurs sanctions à Gazprombank, un acteur clé dans le traitement des paiements pour les exportations de gaz naturel russe. Ces mesures visent à soutenir l’effort de guerre en Ukraine tout en compliquant les transactions énergétiques pour la Russie. En réponse, la Turquie négocie activement avec Washington pour obtenir une exemption permettant de continuer ses importations de gaz russe par pipeline.
Gazprombank joue un rôle crucial dans le maintien des flux de gaz via le gazoduc TurkStream, essentiel pour les pays d’Europe centrale et du sud-est. Toutefois, Ankara, anticipant d’éventuelles perturbations, a diversifié son approvisionnement en s’appuyant davantage sur le GNL.
Une hausse record des importations
Les données de Commodity Insights révèlent que les importations turques de GNL entre le 1ᵉʳ et le 17 décembre 2024 ont atteint 1,21 million de tonnes, soit une hausse de 33 % par rapport à la même période en 2023. Les États-Unis représentent 64 % des cargaisons, suivis de l’Algérie (17 %) et de la Russie (6 %). Près de 82 % de ces importations ont été réalisées via des achats au comptant ou à court terme, reflétant la flexibilité des approvisionnements.
Stratégies d’approvisionnement énergétique
Pour faire face à une demande croissante en période hivernale, la Turquie maintient ses niveaux de stockage de gaz tout en augmentant ses achats sur le marché international. Outre le gaz russe, elle continue d’importer du gaz iranien et azerbaïdjanais par pipeline. Cependant, les récents problèmes de production en Iran, marqués par des coupures d’électricité, pourraient limiter ces flux dans les mois à venir.
Un acteur du secteur a indiqué que cette stratégie vise à réduire les risques d’approvisionnement dans un contexte incertain. « BOTAS, le fournisseur public, privilégie les achats de GNL en raison des sanctions et des tensions autour des flux russes », a-t-il précisé.
Pressions sur les prix du GNL
Les prix du GNL en Méditerranée orientale restent élevés en raison d’une offre restreinte et de contraintes logistiques au canal de Suez. En décembre, le marqueur DES Méditerranée orientale a été évalué à 12,249 $/MMBtu, reflétant une prime importante par rapport aux indices européens.
La Turquie prévoit l’arrivée de quatre cargaisons supplémentaires d’ici la fin décembre, totalisant environ 260 000 tonnes. Cette tendance devrait se poursuivre en janvier et février 2025, renforçant le rôle de la Turquie en tant que hub énergétique régional.