Depuis plusieurs semaines, une fuite de pétrole affecte le forage de Buguma, dans l’État de Rivers, situé au cœur de la riche région pétrolière du Delta du Niger, au Nigeria. Exploité par une filiale de la Nigerian National Petroleum Corporation Limited (NNPCL), cet incident a été attribué à des voleurs de pétrole qui auraient utilisé des explosifs pour accéder illégalement aux hydrocarbures.
Dans un communiqué récent, Olufemi Soneye, porte-parole de la NNPCL, a dénoncé un « acte de sabotage » qui a provoqué des incendies et des déversements prolongés. Selon la société, le vol de pétrole brut sur ce site est un problème récurrent depuis mars 2023. Les méthodes employées par les criminels, dont l’utilisation de dynamite, reflètent une escalade inquiétante dans les tactiques visant les infrastructures pétrolières.
Un impact économique et environnemental préoccupant
Le Delta du Niger, épicentre de la production pétrolière nigériane, est fréquemment le théâtre d’attaques contre les oléoducs et installations pétrolières. Ces actes, bien qu’ils ciblent des ressources économiques, ont des répercussions environnementales considérables. Chima Williams, du Réseau des défenseurs de l’environnement (Environmental Defenders Network), a qualifié la situation de « catastrophe » pour la région. Il a souligné que les incendies et les déversements prolongés nuisent gravement aux écosystèmes locaux, détruisant les habitats aquatiques et terrestres.
En 2024, plus de 600 incidents de déversements pétroliers ont été enregistrés au Nigeria, selon l’Agence nationale de détection et de réponse aux déversements de pétrole (NOSDRA). Ces déversements ont entraîné le rejet d’environ 3 millions de litres de pétrole, équivalant à 96 camions-citernes, dans l’environnement.
Un secteur pétrolier sous pression
Le Nigeria, premier producteur de pétrole brut en Afrique, a récemment vu sa production augmenter après des années de déclin provoqué par des vols généralisés, des attaques et des coûts d’exploitation élevés. Cependant, ces gains restent fragiles face à l’insécurité qui entoure les infrastructures pétrolières.
Les compagnies opérant dans le pays, dont la NNPCL, doivent également composer avec la méfiance croissante des investisseurs, découragés par la fréquence des incidents et les risques financiers associés. Le sabotage à Buguma illustre une tension constante entre le potentiel économique de l’industrie pétrolière et les défis structurels, sécuritaires et environnementaux auxquels elle est confrontée.
Alors que le gouvernement cherche à stabiliser le secteur, les experts appellent à des investissements accrus dans la sécurité des infrastructures et les technologies de prévention des fuites. Une gestion proactive semble essentielle pour restaurer la confiance des investisseurs et minimiser les impacts sur les populations locales.