Le vice-Premier ministre russe Alexander Novak s’exprime sur la crise énergétique actuelle. Selon lui, l’abandon des ressources énergétiques traditionnelles au profit des énergies renouvelables doit aggraver l’ampleur de celle-ci.
La Russie en désaccord avec l’UE sur la transition énergétique
Aux yeux de la Russie, la nouvelle orientation des politiques énergétiques européennes reste problématique.
Novak s’explique plus amplement dans sa chronique pour Energy, une revue politique. Il y déclare : « Le rejet artificiel des ressources énergétiques traditionnelles, qu’un certain nombre de pays tentent d’imposer aujourd’hui, conduira inévitablement à des crises énergétiques encore plus importantes que celle actuelle ». Par ailleurs, il ajoute qu’à cela doivent se coaguler « des crises économiques et, éventuellement, politiques ».
La propre tentative de la Russie de devenir neutre en carbone d’ici 2060 nécessite des changements majeurs dans sa stratégie énergétique. En effet, celle-ci doit relever le défi de l’augmentation de l’énergie nucléaire civile et de l’hydrogène. Conséquemment, une telle transition implique d’abandonner progressivement le pétrole et le gaz.
La Russie considère la décision de la Commission européenne de classer l’énergie nucléaire et le gaz comme sources d’énergie propres comme « importante ». Novak, lui, s’attend à ce qu’elle entre en vigueur dans les six prochains mois. En outre, « seul l’équilibre des sources d’énergie peut garantir la stabilité des marchés de l’énergie à l’avenir », ajoute-t-il.
Novak plaide en faveur de Nord Stream 2
Parallèlement, la Russie appelle à une plus grande utilisation des contrats d’approvisionnement à long terme.
Les prix du gaz baissent depuis les niveaux records de décembre. Néanmoins, ils restent aujourd’hui objectivement élevés. Deux raisons peuvent l’expliquer : les faibles niveaux de stockage ainsi que les inquiétudes relatives à la situation géopolitique.
S&P Global Platts évalue le prix journalier néerlandais de référence TTF à 68,08 euros/MWh le 15 février. Ce chiffre représente le quadruplé de celui de l’année dernière.
En outre, Novak estime que le lancement du gazoduc Nord Stream 2 « peut aider à stabiliser le marché du gaz en Europe ». Pour ce faire, la Russie attend encore la certification du régulateur allemand. Il avance que le gazoduc doit permettre à l’UE de réduire ses émissions totales de CO2 de 14%. En guise d’image, ce pourcentage constitue les émissions annuelles d’environ 30 millions de voitures.
Platt Analytics envisage le lancement du gazoduc Nord Stream 2 d’ici octobre 2022. D’ici là, les tensions géopolitiques entre l’UE et la Russie au sujet de l’Ukraine doivent encore évoluer.