Le secrétaire d’État des États-Unis, Marco Rubio, a débuté une visite officielle dans les Caraïbes axée sur la sécurité énergétique et les tensions régionales, avec un premier arrêt en Jamaïque pour participer à une réunion de la Communauté des Caraïbes (Caricom). Ce déplacement s’inscrit dans la volonté affichée par l’administration américaine de renforcer son ancrage diplomatique sur le continent américain. La tournée de M. Rubio inclura également des étapes au Guyana et au Suriname, selon les informations communiquées par le département d’État.
Réduire la dépendance au pétrole vénézuélien
Au cœur des échanges figure la réduction de la dépendance énergétique des États insulaires caribéens au pétrole vénézuélien. Washington poursuit parallèlement une stratégie de sanctions économiques contre Caracas, dont l’économie repose fortement sur les exportations d’hydrocarbures. Dans cette logique, le président américain Donald Trump a annoncé l’entrée en vigueur, à partir du 2 avril, de droits de douane de 25 % sur toutes les marchandises en provenance de pays commerçant avec le Venezuela en matière d’énergie.
Les États-Unis souhaitent également encourager des coopérations en matière de sécurité énergétique avec le Guyana, alors que ce pays fait face à un contentieux territorial avec le Venezuela autour de l’Essequibo, une région riche en ressources pétrolières. Depuis la découverte de gisements significatifs par ExxonMobil en 2015, ce différend s’est intensifié, conférant au Guyana l’un des ratios de réserves de pétrole brut par habitant les plus élevés au monde.
Réactions du secteur privé caribéen
La perspective de nouvelles taxes américaines sur les navires marchands chinois suscite de vives inquiétudes au sein du secteur privé caribéen. Patrick Antoine, représentant de l’Organisation du Secteur Privé des Caraïbes (CPSO), a exprimé depuis Georgetown ses réserves sur l’impact inflationniste potentiel. Selon ses estimations, les coûts pourraient grimper de 30 % dans la région, les navires chinois étant essentiels au transport maritime intra-caribéen. L’organisation compte profiter de la tournée de M. Rubio pour plaider un assouplissement des mesures prévues.
Instabilité sécuritaire en Haïti
Le dossier haïtien occupera également une place centrale dans les discussions. La situation dans ce pays, marquée par l’emprise croissante des gangs armés et une forte instabilité politique, a été qualifiée de « désastreuse » par Mauricio Claver-Carone, envoyé spécial pour l’Amérique latine. Les États-Unis préparent une nouvelle stratégie d’appui à la Police nationale d’Haïti, en coordination avec les partenaires caribéens.
Lors de son passage à Kingston, Marco Rubio doit rencontrer Fritz Jean, président du conseil de transition haïtien. Malgré le déploiement partiel de la Mission multinationale de sécurité (MMAS) sous conduite kenyane, les violences persistent et constituent une source de préoccupation croissante pour la Caricom et Washington.