L’éolien offshore au Royaume-Uni connaît un regain d’activité avec l’attribution de près de 5 GW de projets lors de la sixième ronde des contracts for difference (CFD) en 2024. Cette relance intervient après une année blanche en 2023 où aucun contrat n’avait été attribué en raison de l’augmentation des coûts et de prix de CFD jugés insuffisants par les développeurs. Cette nouvelle allocation est perçue comme un signe positif pour le secteur, bien que le volume attribué reste en deçà des attentes initiales. Le gouvernement britannique et les acteurs de l’industrie considèrent ce résultat comme un pas en avant, mais l’objectif de 55 GW de capacité installée d’ici 2030 reste encore lointain.
L’augmentation des plafonds de prix des CFD et l’allocation budgétaire sans précédent ont favorisé ce retour. Les contrats attribués pour l’éolien offshore ont atteint environ 89,7 GBP/MWh pour les nouveaux projets et 82,6 GBP/MWh pour ceux rebidés, reflétant une réévaluation des conditions de marché. Cette révision des prix permet une meilleure visibilité sur la rentabilité des projets pour les investisseurs et développeurs, tout en créant une hiérarchie de prix plus rationnelle par rapport aux précédentes attributions. Néanmoins, le volume de capacités attribuées, bien que significatif, reste inférieur aux allocations de 2019 et 2022.
Des défis subsistent pour atteindre l’objectif de 2030
Selon une analyse de PA Consulting, le Royaume-Uni dispose actuellement de 31 GW de capacité éolienne offshore opérationnelle, en construction ou sous contrat. Avec l’objectif de 55 GW fixé pour 2030, il reste environ 24 GW à contracter, un écart qui nécessite des ajustements rapides et une planification rigoureuse. Les acteurs du marché signalent que les prochaines rondes d’allocation seront cruciales pour combler cet écart. Les prévisions se concentrent sur les rondes de 2025 et 2026, considérées comme les dernières opportunités pour mettre en ligne de nouvelles capacités d’ici la fin de la décennie.
La flexibilité introduite dans la sixième ronde, permettant aux développeurs de réduire la capacité attribuée précédemment pour soumissionner à nouveau, montre une adaptation aux réalités économiques et techniques. Cette flexibilité, illustrée par des entreprises comme Ocean Winds et Red Rock Power, devient un outil clé pour maintenir le rythme de développement nécessaire. Cependant, cette capacité à rebidder montre aussi les défis liés aux coûts et aux conditions de marché changeantes, ce qui pourrait encore freiner l’atteinte de l’objectif national.
Un jeu d’équilibre pour les acteurs du secteur
Les entreprises comme Orsted et Iberdrola ont remporté des contrats significatifs lors de cette ronde, avec des projets tels que Hornsea 4 (2,4 GW) et East Anglia Two (963 MW). Cependant, la valorisation de ces projets reste incertaine face à la volatilité des coûts de construction et des matériaux. En effet, l’environnement inflationniste a conduit certains développeurs à réévaluer leurs engagements, comme le montre la décision de Vattenfall d’abandonner son projet Norfolk Boreas l’année dernière. La possibilité de réallouer une partie des capacités attribuées à des conditions de marché plus favorables illustre le besoin de stratégies flexibles pour les entreprises souhaitant rester compétitives.
D’autres acteurs, tels que RWE, n’ont pas réussi à décrocher de contrats lors de cette ronde, malgré un portefeuille de projets en développement au Royaume-Uni, y compris Vanguard East, Vanguard West et l’extension Awel y Mor. Cette situation souligne l’incertitude qui plane encore sur les futures rondes et sur la capacité du Royaume-Uni à atteindre ses objectifs d’ici 2030. L’analyse d’UBS prédit que la prochaine ronde de 2025 sera particulièrement disputée, mettant en compétition les projets de RWE et SSE pour les contrats.
Les futures rondes d’allocation sous pression
Les experts s’accordent à dire que les prochaines étapes pour l’éolien offshore au Royaume-Uni nécessitent une approche plus proactive. Pour maximiser les capacités attribuées et atteindre les objectifs de 2030, il est essentiel d’avoir une visibilité précoce sur les paramètres des futures rondes d’allocation, incluant le budget, les prix administratifs et le calendrier. La planification avancée pourrait permettre aux développeurs d’optimiser leurs offres et de garantir la réalisation des projets dans les délais impartis.
Les signaux envoyés par le gouvernement, y compris l’augmentation des prix plafonds et l’allocation budgétaire sans précédent, ont partiellement restauré la confiance des investisseurs et des développeurs. Cependant, pour certains acteurs, la priorité est moins de savoir si le Royaume-Uni atteindra 50 ou 55 GW d’ici 2030, que de s’assurer que le secteur reste attractif et en croissance.