La Route Maritime du Nord (NSR) connaît une nouvelle dynamique avec le passage du pétrolier Prisma, géré par la société azerbaïdjanaise Vista Vvave Shipmanagement. C’est la première fois qu’un navire non russe, opérant sous le pavillon des îles Cook, emprunte cette route traditionnellement dominée par les navires de Sovcomflot, le leader russe du transport maritime. Le Prisma transporte du pétrole brut chargé au port de Primorsk en Russie, et actuellement en transit dans la mer de Kara, se dirigeant vers la Chine.
Cette expansion du trafic sur la NSR intervient dans un contexte où Moscou cherche à promouvoir cette voie comme une alternative stratégique au canal de Suez, en particulier pour les exportations énergétiques vers l’Asie. Cependant, la navigation sur cette route reste complexe et nécessite une assistance en continu, fournie par des brise-glaces, pour traverser les glaces arctiques. Le Prisma, un navire vieux de presque 20 ans avec une classification ICE 1C, illustre bien les défis techniques et logistiques auxquels les opérateurs doivent faire face pour utiliser cette voie.
Domination russe et défis économiques
Malgré l’incursion du Prisma, la Route Maritime du Nord est largement dominée par Sovcomflot. En 2024, six pétroliers gérés par Sovcomflot, représentant environ 600 000 tonnes de pétrole brut, ont choisi cette route pour leurs voyages vers les ports chinois. Parmi ces navires, l’Olympiysky Prospect est proche de son arrivée à Tianjin, tandis que d’autres comme le NS Arctic et le SCF Baltica sont en route vers diverses destinations en Chine.
Cependant, malgré cette activité accrue, le coût de navigation sur la NSR demeure un obstacle majeur. Les frais de transit sur cette route sont supérieurs à ceux du canal de Suez, en raison des services de brise-glaces nécessaires et des autorisations spécifiques requises par Rosatom, l’agence nucléaire russe qui supervise la NSR. Un trader du marché pétrolier russe souligne que, bien que la NSR réduise le temps de transit, les coûts additionnels font réfléchir les opérateurs sur la rentabilité de cette route, la limitant principalement aux exportations vers la Chine, où la demande énergétique compense ces surcoûts.
Perspectives et implications pour le marché
La décision de Vista Vvave Shipmanagement d’emprunter la NSR pourrait marquer le début d’une diversification dans l’utilisation de cette route, jusqu’ici dominée par Sovcomflot. Cependant, l’attrait économique de la NSR reste limité par les coûts élevés et les défis logistiques. Alors que la Russie continue de promouvoir cette route, il est clair que seuls les marchés spécifiques, comme la Chine, trouveront un avantage économique à l’utiliser.
L’évolution de cette situation dépendra de la capacité des autorités russes à réduire les coûts d’exploitation et à améliorer les infrastructures, rendant cette voie plus compétitive face aux routes traditionnelles. La situation actuelle démontre que la NSR, bien qu’attrayante en termes de réduction du temps de transit, reste un défi logistique et financier pour la majorité des opérateurs maritimes.