Le géant pétrolier russe Rosneft a annoncé une perte importante d’actifs de 889 millions de dollars due à la saisie mi-septembre par Berlin de ses activités en Allemagne où il gérait jusque-là de nombreuses raffineries.
L’Allemagne, grande consommatrice d’hydrocarbures russes, s’efforce de se défaire de sa dépendance à l’égard de la Russie, devenue un paria sous sanctions pour l’Occident depuis son assaut contre l’Ukraine le 24 février dernier.
Avec cette lourde perte en actifs, Rosneft a annoncé un bénéfice net de 591 milliards de roubles (9,4 milliards de dollars) sur les neufs premiers mois de 2022 par rapport à l’an passé, en baisse annuel de 15%, le groupe n’ayant pas détaillé ses résultats précisément pour le troisième trimestre.
“Au 3e trimestre 2022, l’impact négatif le plus important sur les résultats provient du transfert des actifs du groupe en Allemagne (…), ce qui a entraîné la comptabilisation d’une perte d’actifs supplémentaire de 56 milliards de roubles”, soit 889 millions de dollars au taux du jour, a indiqué Rosneft dans un communiqué.
“Rosneft a continué à être affecté négativement par des facteurs externes et des restrictions illégales dont la saisie des actifs de Rosneft en Allemagne et les diverses sanctions visant la Russie (entre juillet et septembre) « , a regretté son patron, Igor Setchine, cité dans le communiqué.
Mi-septembre, les filiales du groupe russe en Allemagne, qui représentent 12% de la capacité de raffinage du pays, avaient été placées sous “administration fiduciaire” forcée, en plein bras de fer énergétique entre l’Europe et Moscou sur l’offensive russe en Ukraine.
Berlin s’est notamment engagé à mettre fin aux importations russes de pétrole d’ici la fin de l’année. Le géant russe, de son côté, avait fustigé “un moyen inapproprié” de Berlin pour atteindre ses objectifs, puis déposé un recours contre l’Etat allemand
mi-octobre.
Le chiffre d’affaires a, lui, augmenté de 15,7% sur les neuf premiers mois de 2022 par rapport à la même période l’an passé, à “102,3 milliards de dollars”, selon Rosneft. De janvier à septembre, “les livraisons de pétrole à l’Asie ont augmenté d’environ un tiers et ont entièrement compensé la baisse des approvisionnements aux acheteurs européens”. Enfin, Rosneft souligne que sa production de pétrole sur les neuf premiers mois de l’année “a atteint 4,97 millions de barils par jour, soit une hausse de 2,2% en glissement annuel”.
Mais, nouvel obstacle à surmonter pour Moscou, l’introduction lundi par les pays occidentaux d’un plafonnement du prix du brut russe. Le Kremlin a d’ores et déjà juré qu’il ne vendra pas de pétrole à ceux qui appliquent ce plafond. L’objectif es Américains et des Européens est de réduire les revenus russes et ainsi miner le financement de son offensive contre l’Ukraine.