Le Conseil des ministres italien, sous la présidence de Giorgia Meloni, a adopté un projet de loi attribuant au gouvernement la compétence exclusive pour organiser le retour de l’énergie nucléaire dans le pays. Le texte prévoit l’élaboration d’un Programme national pour l’énergie nucléaire durable et la création d’une Autorité indépendante de sûreté nucléaire. Le cadre législatif repose sur une logique de souveraineté énergétique, en cohérence avec les politiques européennes de décarbonation.
Un cadre pour les technologies avancées et la sûreté
Le projet de loi autorise l’utilisation des technologies de fission avancée et des petits réacteurs modulaires (SMR), dans un contexte de diversification du mix énergétique. Le gouvernement aura un délai de 12 mois, à compter de l’entrée en vigueur de la loi, pour adopter les décrets d’application. Le texte intègre aussi le renforcement de la recherche scientifique, la montée en compétence industrielle ainsi qu’un programme de sensibilisation du public.
Selon les termes du Conseil des ministres, l’initiative « dépasse les expériences nucléaires précédentes » en s’appuyant sur les meilleures technologies disponibles. Elle prend en considération l’avis de la Conférence unifiée, organe de coordination entre l’État central et les régions.
Retour d’une filière arrêtée depuis plus de 30 ans
L’Italie avait mis fin à l’exploitation de ses quatre centrales nucléaires à la suite du référendum de 1987, consécutif à l’accident de Tchernobyl. Les deux derniers réacteurs, situés à Caorso et Trino Vercellese, ont été définitivement arrêtés en 1990. Une tentative de relance avait échoué en 2011 après la catastrophe de Fukushima, rejetée par 94 % des électeurs lors d’un nouveau référendum.
Néanmoins, un sondage réalisé en juin 2021 indiquait qu’un tiers des Italiens se déclaraient favorables à une réévaluation de l’option nucléaire. Plus de la moitié des personnes interrogées se disaient ouvertes à l’usage futur de technologies nucléaires avancées.
Relance industrielle et stratégie nationale
En mai 2023, le Parlement italien avait adopté une motion incitant le gouvernement à envisager l’intégration du nucléaire dans la stratégie énergétique nationale. Ce positionnement a été suivi, en septembre de la même année, par la première réunion de la Plateforme nationale pour l’énergie nucléaire durable, chargée d’identifier les opportunités industrielles existantes sur le territoire.
Le ministre de l’Environnement et de la Sécurité énergétique, Gilberto Pichetto, a salué l’adoption du texte comme « un instrument fondamental pour se projeter vers l’avenir », en citant les technologies SMR, AMR (réacteurs modulaires avancés) et la fusion comme leviers de développement dans le cadre de la neutralité technologique.