Depuis plusieurs décennies, les réunions semestrielles de l’OPEP à Vienne ont été au cœur des décisions stratégiques du marché pétrolier. Pourtant, cette tradition a laissé place à des discussions virtuelles, un changement initialement motivé par la pandémie, mais désormais ancré dans la pratique.
Une centralisation au profit de Riyad
La transition vers les réunions virtuelles reflète une consolidation de l’influence de l’Arabie saoudite et de son allié stratégique, la Russie. Dirigée par le prince Abdulaziz bin Salman, ministre de l’Énergie, l’Arabie saoudite domine désormais les débats. De nombreux observateurs estiment que cette centralisation favorise les deux plus grands producteurs, au détriment des pays à plus faible capacité.
Un membre de l’OPEP+ a indiqué que cette évolution vise à éviter les fuites et à contrôler la communication externe. Cependant, elle limite les interactions directes entre les délégations, renforçant le sentiment de marginalisation des petits membres.
Impact sur la transparence et la gouvernance
Historiquement, les réunions physiques offraient un certain niveau de transparence. Les échanges dans les couloirs et les déclarations improvisées alimentaient la compréhension des dynamiques internes. Désormais, ces interactions disparaissent, rendant les processus de décision plus opaques.
Selon Bhushan Bahree, analyste senior pour Commodity Insights, ce changement pourrait affaiblir la crédibilité de l’OPEP+ en tant qu’arbitre des marchés pétroliers. L’absence de réunions en présentiel complique également la résolution des différends internes, comme en témoigne le départ de l’Angola après des tensions sur ses quotas.
Défis à venir pour l’OPEP+
En dépit de ces évolutions structurelles, l’OPEP+ fait face à des enjeux pressants. Les prix du brut, en dessous de 80 dollars depuis août, peinent à se redresser malgré les efforts pour limiter l’offre. Les membres dépassant régulièrement leurs quotas, comme le Gabon et le Kazakhstan, ajoutent à la complexité de maintenir une cohésion interne.
La réunion en ligne prévue le 5 décembre devra répondre à plusieurs questions clés : prolonger les réductions volontaires, assurer le respect des engagements et renforcer la crédibilité du groupe face à un marché qui anticipe une surabondance d’offre au premier trimestre 2024.
Une efficacité à double tranchant
Si les réunions virtuelles permettent une prise de décision plus rapide et moins coûteuse, elles augmentent également les risques d’un contrôle excessif par les principaux producteurs. Cette centralisation pourrait affaiblir les plus petits membres de l’OPEP+ et miner la perception d’équité au sein du groupe.
Alors que les avancées technologiques facilitent ces évolutions, la dépendance accrue à ce format pourrait compromettre la capacité de l’OPEP+ à agir collectivement en période de volatilité.