TotalEnergies a annoncé son retrait de deux blocs gaziers offshore situés au large de la côte sud-africaine. Les blocs concernés, 11B/12B et 5/6/7, avaient révélé des découvertes significatives de gaz naturel. Cette décision, bien qu’elle soit saluée par les défenseurs de l’environnement, soulève des questions économiques pour l’Afrique du Sud.
Défis de Développement et de Valorisation
Le bloc 11B/12B, couvrant 19 000 km² avec des profondeurs allant de 200 à 1 800 mètres, a permis de découvrir deux gisements de gaz importants à Brulpadda et Luiperd, situés dans le bassin de l’Outeniqua, à 175 km au large. Le groupe français détenait 45% de participation dans ce bloc via sa filiale TotalEnergies EP South Africa, en partenariat avec Qatar Petroleum (25%), CNR International (20%) et le consortium sud-africain Main Street 1549 (10%).
Impact Environnemental et Réactions
Le projet avait suscité des critiques environnementales, notamment de la part des ONG Bloom et The Green Connection, qui dénonçaient les risques pour les pêcheurs locaux et la biodiversité marine. Cette zone est un lieu clé pour la migration et la reproduction des mammifères marins comme les baleines. Le retrait de TotalEnergies est considéré par Bloom comme une victoire pour le climat et la biodiversité, réduisant les émissions potentielles de CO2.
Conséquences Économiques et Techniques
Thierry Bros, analyste indépendant, souligne que l’Afrique du Sud perd une opportunité de monétiser son gaz, renforçant sa dépendance au charbon. Les difficultés techniques et financières, notamment l’impossibilité de s’accorder sur un prix du gaz avec PetroSA, ont également pesé dans la balance. Les conditions météorologiques difficiles et les courants marins violents rendent l’exploitation coûteuse et complexe.
Entrée de Gazprom et Contexte Géopolitique
Un facteur déterminant du retrait du géant français pourrait être l’attribution par le ministre sud-africain de l’Énergie du chantier de remise en service de la principale centrale au gaz du pays à Gazprom, en décembre 2023. En raison des sanctions internationales contre la Russie, la société ne pouvait pas risquer de collaborer avec Gazprom, selon Swann Bommier de Bloom.
Perspectives Futures
Malgré ces retraits, la multinationale continue d’opérer dans quatre autres permis d’exploration offshore en Afrique du Sud, dont un acquis récemment dans le bloc 3B/4B. Cette série de retraits reflète les défis que rencontrent les entreprises énergétiques dans le développement de nouveaux projets dans un environnement complexe et soumis à des pressions multiples, allant des considérations économiques aux enjeux environnementaux.
La décision du groupe met en lumière les obstacles majeurs liés à la commercialisation et au développement des ressources énergétiques dans certaines régions du monde. Le retrait du géant français marque un tournant significatif pour l’industrie et la transition énergétique en cours, influençant potentiellement les stratégies futures des autres acteurs du secteur.