Dans la foulée des autres majors pétrolières, qui ont engrangé au deuxième trimestre d’énormes bénéfices gonflés par la flambée des hydrocarbures, le géant britannique BP a annoncé mardi avoir multiplié par trois ses profits pour la période.
Le groupe a ainsi affiché un bénéfice net part du groupe de 9,26 milliards de dollars (9,03 milliards d’euros) au deuxième trimestre. Il en profite pour augmenter de 10% le dividende versé à ses actionnaires pour la période et lancer un nouveau programme de rachat d’actions.
Pour les six premiers mois de l’année, en revanche, BP affiche une perte nette de 11,13 milliards de dollars, le groupe ayant passé au premier trimestre une charge après-impôts de 24,4 milliards de dollars à la suite de sa sortie du russe Rosneft, en conséquence de l’invasion russe de l’Ukraine.
Les cours des hydrocarbures flambent depuis des mois et les prix du gaz, qui étaient retombés après les sommets atteints en mars peu après le début du conflit, s’envolent à nouveau, après la réduction des livraisons russes.
Hors éléments exceptionnels, BP affiche un bénéfice de 8,45 milliards de dollars au deuxième trimestre et celui-ci se monte à 14,7 milliards pour la première moitié de l’année (c’est-à-dire notamment hors effets de la sortie de Russie).
Profits monstres
Ces résultats trimestriels “les plus hauts en 14 ans” sont “nettement au-dessus des prévisions des analystes” et montrent que “BP est une machine bien plus efficace qu’elle ne l’était par le passé”, relève Russ Mould, analyste chez AJ Bell. De quoi faire ruisseler une partie des profits vers ses actionnaires: après un programme de rachat d’actions de 2,5 milliards de dollars achevé au 22 juillet, BP a annoncé mardi 3,5 milliards de rachats supplémentaires.
Ces annonces ont aussi soutenu l’action, qui grimpait de 3,44% à 405,85 pence mardi vers 11H30 GMT à la Bourse de Londres. BP est la dernière major pétrolière en date à afficher un bénéfice pharaonique. Les profits additionnés des plus grosses entreprises du secteur (TotalEnergies, Shell, Exxon, Chevron et BP) se chiffrent au deuxième trimestre à environ 62,5 milliards de dollars.
Ces résultats font grincer des dents au Royaume-Uni, en proie à une sévère crise du coût de la vie et Londres avait annoncé en mai une taxe temporaire de 25% sur les bénéfices du secteur de l’énergie, pour aider en partie à financer les aides gouvernementales aux ménages les plus modestes.
Trop peu, a dénoncé mardi l’ONG Greenpeace dans un communiqué, appelant le gouvernement à taxer davantage “ces profits monstrueux” et à “cesser d’accorder aux entreprises des allègements fiscaux massifs sur les nouveaux investissements destructeurs” dans les hydrocarbures.
Investissement au Royaume-Uni
“Nous devons nous rappeler qu’il y a tout juste deux ans nous avons dû prendre la décision difficile de réduire le dividende de 50%”, dans un marché en crise laminé par la pandémie, a fait valoir le directeur général Bernard Looney lors d’une conférence d’investisseurs.
La taxe britannique ne dissuadera pas le géant pétrolier d’investir comme prévu 18 milliards de livres au Royaume-Uni au cours de la décennie, a aussi assuré M. Looney, “la majorité dans la transition énergétique”, mais aussi dans les hydrocarbures, en particulier en mer du Nord, a-t-il détaillé.
BP avait aussi annoncé en juin prendre 40,5% de parts dans le projet australien présenté comme la plus grande centrale d’énergies renouvelables du monde, qui produira énergie solaire, éolienne ou hydrogène vert: l’Asian Renewable Energy Hub (AREH), d’une valeur de 36 milliards de dollars.
Mais depuis le début de l’année, “BP a dépensé un total de 361 millions de dollars dans les énergies à faible émission de carbone”, bien moins que dans les hydrocarbures, ce qui “continue de montrer le peu de dépenses consacrées aux énergies renouvelables par rapport au pétrole et de gaz”, selon Michael Hewson, analyste de CMC Markets.
BP dit s’attendre à ce que les prix du pétrole restent élevés au troisième trimestre “en raison de la poursuite de la perturbation de l’approvisionnement russe”, mais aussi de niveaux de stocks “nettement inférieurs à la moyenne sur cinq ans”.