La France pourrait être confrontée à des restrictions d’eau sans précédent dès le mois de mars, en raison d’un hiver sec qui a mis en péril la recharge des nappes phréatiques. La situation est alarmante et le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a reconnu que la France avait environ deux mois de retard sur le remplissage des nappes. Les agriculteurs et les militants écologistes s’opposent sur les quotas de prélèvement et la construction d’ouvrages pour stocker l’eau, tandis que les Pyrénées-Orientales et le Var sont déjà en alerte sécheresse. Les nouvelles restrictions, qui devraient être annoncées la semaine prochaine, pourraient permettre d’éviter des situations catastrophiques à l’approche de l’été.
Une crise sans précédent
Le manque de pluie en France est alarmant. Les précipitations ont été exceptionnellement basses ces derniers mois, battant même des records. Depuis le 21 janvier, la France métropolitaine n’a pas connu de véritable pluie, soit 32 jours consécutifs de sécheresse. Cette période est la plus longue depuis le début des mesures en 1959 et dépasse même la durée record de 31 jours établie en 2020 pendant le confinement du Covid-19. Cette sécheresse est d’autant plus préoccupante qu’elle survient en hiver, période cruciale pour la recharge des nappes phréatiques.
La situation est d’autant plus critique que les nappes phréatiques étaient déjà épuisées par la sécheresse historique de 2022. Les Pyrénées-Orientales sont en alerte sécheresse depuis juin 2022, suivies par le Var depuis vendredi dernier. Les restrictions d’eau qui s’annoncent devraient donc permettre d’éviter des situations catastrophiques à l’approche de l’été.
Des tensions entre agriculture et écologie
Les tensions sont vives entre les agriculteurs et les militants écologistes. Les agriculteurs défendent leurs quotas de prélèvement et la construction d’ouvrages pour stocker l’eau. Le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a confirmé que 60 nouveaux projets d’ouvrages hydrauliques à vocation agricole allaient être mis en service d’ici à juin. Les militants écologistes, quant à eux, réclament de repenser le modèle agricole pour s’adapter au changement climatique.
Le gouvernement en état d’alerte
Face à cette crise sans précédent, le gouvernement est en état d’alerte. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, doit réunir des préfets la semaine prochaine afin de prendre des mesures de restriction d’eau « soft » dès le mois de mars. L’heure est donc aux économies d’eau, un thème sur lequel la France fait figure de mauvais élève. En effet, moins de 1% de nos eaux usées sont retraitées en France, alors qu’elles sont réutilisées 10 fois plus en Italie, 20 fois plus en Espagne et près de 85 fois plus en Israël.
Le gouvernement français a annoncé un « plan Eau » pour faire face à la crise de l’eau de 2022. Le plan comprend une cinquantaine de mesures visant à améliorer la gestion de l’eau dans le pays. Toutefois, le plan, qui devait être présenté en janvier, a été retardé et devrait être dévoilé d’ici à la fin du mois de mars.
La gestion de l’eau en France
En France, 20% de l’eau potable est gaspillée en raison de fuites dans les systèmes de distribution. De nombreux territoires connaissent des pertes allant jusqu’à 70%, ce qui a entraîné des pénuries d’eau potable lors de l’été 2022. Le ministre de l’Environnement a souligné l’absence de plan pour remédier à cette situation. En 2019, la France a prélevé environ 31 milliards de mètres cubes d’eau par an, alors que 208 milliards de mètres cubes se renouvelaient annuellement dans les milieux naturels.
Les anomalies de chaleur et de sécheresse en France sont des événements de plus en plus fréquents et intenses, illustrant les prévisions du Giec sur les conséquences du réchauffement climatique causé par l’activité humaine. Le ministre de l’Environnement a souligné que le réchauffement climatique réduisait la réserve d’eau disponible en France de 15 à 40%.