Le Royaume-Uni sous-évaluerait considérablement ses réserves restantes de pétrole et de gaz naturel selon Offshore Energies UK (OEUK), citant une étude indépendante de Westwood Global Energy Group. L’organisation estime ces réserves à 7,5 milliards de barils équivalent pétrole, contre une estimation officielle gouvernementale de 3,75 milliards de barils. Cette différence s’expliquerait par l’impact des politiques fiscales et environnementales mises en place ces dernières années. D’après OEUK, cette sous-évaluation pourrait avoir un effet significatif sur la stratégie énergétique du pays ainsi que sur les revenus fiscaux futurs, évalués à près de 165 milliards GBP supplémentaires.
Impact direct des politiques fiscales
La fiscalité, notamment à travers l’Energy Profits Levy (taxe sur les profits énergétiques exceptionnels), instaurée en 2022 et prévue jusqu’en 2030, est particulièrement pointée par le secteur comme frein aux investissements. Cette taxe, en réponse à la hausse des profits des compagnies énergétiques, a entraîné un ralentissement notable des nouveaux projets offshore, affectant directement les projections de production future. Westwood Global souligne dans son scénario bas une estimation encore plus pessimiste de 2,6 milliards de barils restants, exclusivement due aux choix politiques et non à la géologie. OEUK plaide pour une réforme rapide du cadre fiscal afin de rééquilibrer la compétitivité du secteur britannique par rapport aux voisins européens.
Une production en déclin structurel
Les données montrent que la production britannique de pétrole a chuté de 11 % annuellement en 2023 et 2024, atteignant une moyenne de 564 000 barils par jour l’an dernier. La dégradation des infrastructures existantes, l’incertitude politique et les défis techniques associés à l’extraction des réserves résiduelles, notamment de pétrole lourd, freinent les investissements. La diminution de la production offshore, associée à une approche politique de moins en moins centrée sur la maximisation de la récupération économique, modifie profondément le paysage énergétique du Royaume-Uni. Certains projets en préparation concernent toutefois le raccordement de gisements satellites aux plateformes existantes ou l’intégration directe de champs difficiles avec des parcs éoliens offshore.
Enjeux économiques et perspectives fiscales
OEUK rappelle que même dans le cadre des objectifs nets zéro fixés par le Royaume-Uni pour 2050, le pays utilisera entre 13 et 15 milliards de barils d’hydrocarbures. La valorisation de ces réserves non exploitées, combinée à un ajustement des politiques fiscales, pourrait rapporter des milliards supplémentaires au trésor britannique. Cette estimation, selon OEUK, intègre également les premiers développements technologiques en matière de capture et stockage du carbone (CSC), actuellement en phase initiale d’implémentation. Le régulateur britannique North Sea Transition Authority, responsable du contrôle des exploitations offshore, a refusé de commenter les chiffres avancés par OEUK et Westwood Global Energy Group, soulignant ainsi la sensibilité des discussions en cours.