Les gestionnaires de réseaux électriques en France alertent sur un risque de saturation du système de formation, alors que les besoins de recrutement dans les métiers techniques du secteur sont en forte augmentation. Ce constat provient d’un rapport publié le 25 mars et commandé notamment par Réseau de Transport d’Électricité (RTE) et Enedis au cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC). L’étude s’inscrit dans un contexte de montée en puissance des investissements nécessaires à la transition énergétique, chiffrés à environ 200 milliards d’euros d’ici 2040.
Une croissance rapide des besoins humains
D’après Alexandre Siné, directeur du projet des écoles des réseaux pour la transition, les métiers dits « cœur » devront passer de 49 000 à 79 000 personnes d’ici 2030. Cela représente environ 43 000 recrutements à effectuer, en tenant compte des départs naturels. Cette montée en charge concerne les techniciens de maintenance et d’exploitation, les chefs de chantier et les monteurs de réseaux, tous indispensables au déploiement d’infrastructures telles que les raccordements à l’éolien en mer ou les bornes de recharge électrique.
Un appareil de formation sous tension
Malgré un réseau d’enseignement initial jugé quantitativement significatif, le rapport dénonce une offre trop généraliste, inégalement répartie sur le territoire et peu adaptée à l’ampleur des transformations à venir. Certaines filières de formation, comme les Brevets de Technicien Supérieur (BTS) en électrotechnique ou travaux publics, partagés entre plusieurs branches industrielles, pourraient atteindre des limites capacitaires.
Défis régionaux et recommandations stratégiques
Les tensions sont plus marquées dans certaines régions, dont l’Île-de-France, la Normandie, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, en raison de leur rôle central dans l’accueil de projets d’énergies renouvelables. Pour y faire face, des partenariats ont été mis en place avec environ 150 lycées professionnels dans le cadre des écoles des réseaux pour la transition énergétique, incluant des dispositifs de reconversion et de réinsertion.
Le rapport recommande en outre la création de nouvelles certifications pour attirer les publics en reconversion ou éloignés de l’emploi, ainsi qu’une politique active pour accroître l’attractivité du secteur. Avec seulement 14 % de femmes dans les effectifs, la féminisation des métiers est identifiée comme un levier de réponse complémentaire à la pénurie de main-d’œuvre.