Les réseaux électriques du Nigeria alimentant le Niger, le Bénin et le Togo pourraient être soumis prochainement à une coupure. Les factures impayées du Bénin et du Niger pousse en effet le principal fournisseur d’Afrique à envisager cette extrémité. De plus, le secteur interne nigérian est à l’heure actuelle très fragilisée et endetté.
Les réseaux électriques des principaux clients du Nigeria bientôt coupés ?
Le Nigeria fourni ses voisins insolvables en électricité
Les réseaux électriques nigérians s’étendent jusque derrière les frontières de ses voisins, le Bénin, le Niger et le Togo. Chacun recevant environ 300 MW environ.
Mais depuis plusieurs années, le Nigeria voit la viabilité de son système menacée par des impayés étrangers fréquents. En conséquence, le pays avait déjà averti par deux fois en 2018 et en 2019 de la possibilité d’un arrêt potentiel de la distribution.
La dernière facture totale due par les pays tiers était de 13,4 millions USD$. Mais seulement 5 millions USD$ environ provenant de la Compagnie Energie Électrique du Togo (CEET) ont été payés.
Le Niger et le Bénin : 7 millions USD$ de dette
Actuellement, la dette du Niger et du Bénin cumulée est estimée à près de 7 millions USD$ par la Commission Nigériane de Régulation de l’Électricité (NERC).
Ce manque à gagner n’arrange pas une industrie nigériane interne en difficulté. Malgré que le pays dispose des premières réserves gazières du continent africain et qu’il soit le troisième producteur de sa sous-région, son secteur énergétique intérieur est déjà fortement endetté. Par conséquent, la population pâtit d’une électrification partielle du territoire.
Une production déjà insuffisante pour le marché intérieur
Seulement 40% des nigérians ont accès à l’électricité
Malgré un poids économique considérable, le Nigeria n’approvisionne que 40% de sa population en électricité. En 2019, la puissance théoriquement installée est de 12,6 GW, mais en réalité, seulement 5 GW seraient efficients. Bien faible pour couvrir les besoins représentants au bas mot 20 GW pour une population de plus de 200 millions d’habitants.
En conséquence de cette production partielle, les coupures sont récurrentes. L’année dernière, une panne généralisée avait plongé le pays dans l’obscurité.
26 milliards USD$ de pertes par an
Depuis 2010, un processus de privatisation a été entamé pour rendre le système plus rentable, mais sans succès. L’État est obligé de le subventionner, alourdissant toujours plus la dette nationale.
La Banque Mondiale estime le déficit du secteur électrique nigérian à 8,1 milliards USD$. Une dégradation d’1 milliard USD$ est envisagée pour 2021. En février, l’organisation a débloqué une aide de 500 millions USD$.
Chaque année, l’économie nigériane perd ainsi 26,2 milliards USD$ en raison de réseaux de transport et de distribution dysfonctionnels.
Le problème de pénurie accentué par l’instabilité politique
Pour le deuxième trimestre 2020, la NERC estime une augmentation de 1,4% de l’énergie totale produite. Mais le taux d’utilisation de la capacité disponible a diminué de 8,16% récemment. Ces chiffres s’expliquent par les pénuries d’approvisionnement en gaz.
La situation est liée en partie aux actes malveillants sur des gazoducs par des groupes dissidents. En 2017, les Vengeurs du Delta du Niger (NDA) avaient saboté une infrastructure de la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC).
En somme, malgré son poids économique fort, le Nigeria est un géant aux pieds d’argile. La fragilité de son réseau électrique en est un exemple significatif, levant le voile sur les difficultés politiques et économiques auxquelles fait face le pays.