Des actionnaires salariés d’EDF, qui s’estiment floués par les termes financiers de la renationalisation de l’électricien, ont décidé vendredi d’intenter un nouveau recours pour obtenir un « complément de prix » pour leurs titres, a-t-on appris auprès de leur représentante.
Les représentants des porteurs de parts ont décidé « à l’unanimité » d’engager un « recours indemnitaire devant le Conseil d’Etat », a indiqué à l’AFP Martine Faure, présidente du Fonds commun de placement en actions (FCPE), qui représente quelque 100.000 salariés ou retraités d’EDF qui ont placé leur argent dans le groupe. Ils entendent ainsi « invoquer la notion de juste indemnité pour l’expropriation des actionnaires salariés en considérant que 12 euros n’est toujours pas un prix équitable », a-t-elle expliqué au sujet de ce recours.
Conflit sur le prix de l’action
Ces actionnaires ont contesté pendant des mois par de multiples recours le prix de 12 euros par action fixé par l’Etat, réclamant a minima 15 euros alors qu’à l’ouverture du capital de l’énergéticien, en 2005, l’action en valait 32, avec une remise de 20% pour les salariés à 25,60 euros. Ils renoncent en revanche à contester de nouveau la décision de l’autorité des marchés financiers (AMF) qui avait déclaré conforme l’offre publique d’acquisition simplifiée de l’Etat sur les titres EDF.
Le dernier recours de ce type avait été rejeté le 2 mai dernier par la cour d’appel de Paris, donnant la possibilité à l’Etat de rouvrir le processus d’OPA. Les actionnaires qui possèdent encore des titres d’EDF peuvent les vendre, du 4 au 17 mai, date de la clôture définitive de l’opération, à l’Etat français, qui détenait déjà près de 96% du capital de la société avant la décision de la cour d’appel. Le recours devant le Conseil d’Etat, qui n’aura pas d’incidence sur l’OPA, sera déposé lorsque sera enclenchée la procédure de retrait obligatoire qui permet de renationaliser EDF en forçant les actionnaires restants à vendre leurs parts, après la clôture de l’opération.
Autre partie prenante des derniers recours retoqués par la justice, Colette Neuville, présidente de l’ADAM, qui défend les actionnaires minoritaires depuis 30 ans, a indiqué vendredi qu’elle n’avait pas encore pris sa décision quant à une nouvelle procédure. En renationalisant, les pouvoirs publics souhaitent épargner à EDF les contraintes de la Bourse pour lui permettre de relancer plus vite le nucléaire en finançant la prolongation d’un parc vieillissant, au moment où le gaz russe fait défaut, et la construction dans les prochaines décennies d’au moins six nouveaux réacteurs.