L’accord d’exploitation conjointe signé le 28 juillet 2025 au siège de l’ONGC à New Delhi représente une étape significative dans l’exploration pétrolière et gazière indienne. Le bloc GS-OSHP-2022/2, situé au large de la côte occidentale dans le bassin de Saurashtra, s’étend sur 5 454 kilomètres carrés. Cette collaboration inédite entre la compagnie nationale Oil and Natural Gas Corporation (ONGC), le conglomérat privé Reliance Industries Limited et la major britannique BP Exploration (Alpha) Limited témoigne de l’évolution stratégique du secteur énergétique indien. L’ONGC assumera le rôle d’opérateur du bloc, dirigeant les activités d’exploration visant à évaluer et exploiter le potentiel en hydrocarbures de cette zone classée en bassin de catégorie II.
Un partenariat stratégique sans précédent
Cette alliance représente la première fois que les trois entités collaborent dans le cadre du programme Open Acreage Licensing Policy (OALP). BP et Reliance, partenaires depuis plus d’une décennie dans le bloc KG-D6 en eau profonde, n’avaient participé qu’à deux des huit précédents rounds OALP depuis 2017. Leur production conjointe dans le bassin Krishna-Godavari atteint actuellement environ 30 millions de mètres cubes standard de gaz par jour, représentant près de 30% de la production gazière domestique indienne. L’extension de ce partenariat pour inclure ONGC reflète une approche plus collaborative entre les secteurs public et privé pour maximiser l’exploitation des ressources énergétiques nationales.
Le bloc remporté faisait partie des 28 blocs offerts lors du neuvième round OALP, couvrant une superficie totale de 136 596 kilomètres carrés. Ce round a attiré seulement quatre soumissionnaires, avec ONGC remportant 15 blocs au total – 11 indépendamment et quatre en partenariat. La société privée Cairn a obtenu sept blocs, tandis que Vedanta Ltd avait soumissionné pour l’ensemble des 28 blocs disponibles.
Contexte de production déclinante et nouvelles initiatives
L’industrie pétrolière et gazière indienne fait face à des défis majeurs avec une production domestique en déclin constant depuis 2011-12. La production nationale de pétrole brut s’élevait à 29,4 millions de tonnes en 2023-24, nettement inférieure aux 31,95 millions de tonnes enregistrées en 1999-2000. Cette baisse s’explique principalement par l’épuisement naturel des champs matures exploités par les producteurs publics et les retards dans la monétisation des découvertes existantes. L’Inde importe actuellement 88,2% de ses besoins en pétrole brut, une dépendance qui s’est accrue par rapport aux 87,7% de l’année fiscale précédente.
Face à ces défis, BP a récemment été sélectionné comme prestataire de services techniques pour le champ Mumbai High d’ONGC, le plus grand champ pétrolier offshore d’Inde. Ce champ historique, découvert en 1974, a vu sa production chuter de 471 000 barils par jour à son pic en 1985 à seulement 134 000 barils par jour en avril 2024. L’expertise de BP dans la gestion de réservoirs complexes et matures pourrait s’avérer cruciale pour revitaliser la production de ce champ stratégique.
OALP X : ambitions renouvelées pour l’exploration
Le gouvernement indien a lancé le dixième round OALP le 11 février 2025 lors de l’India Energy Week, proposant 25 blocs sur 191 986 kilomètres carrés – le plus vaste en termes de superficie offerte dans un seul round. Cette initiative ambitieuse comprend 19 blocs offshore, dont 12 en eaux ultra-profondes, reflétant l’orientation stratégique vers l’exploration en mer. Notamment, 16 des 25 blocs se situent dans d’anciennes zones « no-go », représentant 51% de la superficie totale offerte. Les soumissions pour ce round doivent être déposées avant le 31 juillet 2025 via un nouveau portail d’enchères électroniques conçu pour améliorer la transparence et la sécurité du processus.
Le ministre du Pétrole et du Gaz naturel, Hardeep Singh Puri, a souligné lors de plusieurs interventions parlementaires que les interventions politiques stratégiques du gouvernement et la nouvelle approche d’exploration ont permis une acquisition agressive de données sismiques et un engagement accru avec les partenaires internationaux. Les amendements récents à l’Oilfields (Regulation and Development) Act de 1948, adoptés en mars 2025, visent à élargir la portée de la politique d’exploration au-delà du pétrole et du gaz naturel tout en assouplissant certaines réglementations pour attirer les investissements privés et internationaux. Ces réformes séparent les baux pétroliers des baux miniers et s’efforcent d’offrir des conditions de location stables, introduisant un régime commercial simplifié et rationalisant les autorisations nécessaires à l’exploration et à la production.