Une quinzaine de pays pro-nucléaires se réunissent à Paris pour concrétiser la relance de l’atome. Cette conférence internationale, organisée sous l’égide de l’OCDE et du gouvernement suédois, vise à explorer les leviers nécessaires pour accélérer la relance du nucléaire, un enjeu crucial pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. Les ministres et industriels présents proviennent de divers pays, notamment des États-Unis, du Canada, du Japon, de la Corée du Sud, ainsi que plusieurs États membres de l’Union européenne et d’Afrique. L’événement, intitulé « Roadmaps to New Nuclear 2024 », se concentre sur les moyens concrets d’augmenter la production d’énergie nucléaire, essentielle dans la lutte contre le changement climatique.
Les discussions s’articulent autour de plusieurs axes stratégiques. L’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE souligne la nécessité de tripler les capacités nucléaires mondiales d’ici 2050 pour respecter les engagements de neutralité carbone. Cela implique non seulement l’utilisation de réacteurs existants, mais également le développement de nouvelles générations de réacteurs et de petits réacteurs modulaires (SMR). L’AEN considère cette réunion comme une étape significative dans le dialogue mondial sur l’énergie nucléaire, en particulier dans le contexte de la relance de la construction de centrales nucléaires, comme l’illustre l’exemple de la Suède.
Les défis de la relance nucléaire
Les enjeux financiers et logistiques sont au cœur des préoccupations des participants. L’AEN met en avant la nécessité de débloquer des capitaux à des taux compétitifs et de garantir des chaînes d’approvisionnement robustes. La main-d’œuvre qualifiée est également un facteur déterminant pour la réussite de cette relance. Les déclarations communes attendues à l’issue de la conférence devraient refléter ces préoccupations, en appelant à un soutien accru de la part des banques de développement et des institutions financières internationales. L’année précédente, un appel similaire avait été lancé, soulignant l’importance d’un financement adéquat pour le secteur nucléaire.
La conférence se déroule à un moment stratégique, à moins de deux mois de la COP29, où la finance climatique sera au centre des discussions. Le nucléaire, longtemps critiqué après l’accident de Fukushima, retrouve une place prépondérante dans le débat sur la transition énergétique. En effet, cette source d’énergie, peu émettrice de CO2, est désormais perçue comme un allié dans la lutte contre le changement climatique, aux côtés des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire.
Une dynamique internationale en faveur du nucléaire
Les récents appels à tripler les capacités nucléaires d’ici 2050, émis par des pays influents lors de la COP28, témoignent d’une dynamique internationale en faveur de cette énergie. Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), affirme que « le nucléaire fait un retour en force dans le monde », soulignant son rôle crucial pour la sécurité énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cependant, cette ambition soulève des défis considérables, notamment en matière de gestion des déchets radioactifs et de sûreté.
Mycle Schneider, auteur d’un rapport critique sur l’état de l’industrie nucléaire, met en lumière les difficultés à maintenir la capacité actuelle. Il souligne que « rien que pour maintenir la capacité actuelle, il faudrait déjà mettre en service 10 réacteurs par an », ce qui représente un doublement de la cadence actuelle, un objectif jugé « industriellement impossible ». Ces défis nécessitent une approche concertée et des actions concrètes, comme le souligne l’AEN, qui espère que cette conférence permettra de passer des discussions aux actions.
Perspectives d’avenir pour le nucléaire
Les résultats de cette conférence pourraient avoir des implications significatives pour l’avenir du nucléaire à l’échelle mondiale. Les discussions sur le financement, la formation de personnel qualifié et la construction de chaînes d’approvisionnement résilientes sont essentielles pour garantir la viabilité de cette source d’énergie. Alors que le monde se dirige vers une transition énergétique, le nucléaire pourrait jouer un rôle clé dans l’atteinte des objectifs de décarbonation.
Les enjeux soulevés lors de cette rencontre mettent en lumière la nécessité d’une collaboration internationale renforcée pour surmonter les obstacles à la relance du nucléaire. Les pays participants doivent travailler ensemble pour développer des solutions innovantes et durables, tout en tenant compte des préoccupations environnementales et sociétales. La relance du nucléaire ne se limite pas à une simple augmentation de la capacité de production, mais implique également une réflexion approfondie sur la manière de répondre aux défis contemporains de l’énergie.