Le groupe américain Constellation annonce la relance de l’unité nucléaire 1 de Three Mile Island, en Pennsylvanie, dans le cadre d’un accord sur 20 ans avec Microsoft. La centrale, fermée en 2019 pour des raisons économiques, va retrouver sa capacité de production de 837 mégawatts afin de répondre aux besoins énergétiques croissants des centres de données du géant informatique. Cette unité n’a pas été touchée par l’accident de 1979, ce qui permet aujourd’hui à Constellation de la réactiver pour fournir une électricité fiable et continue.
Les infrastructures numériques, en particulier celles liées à l’intelligence artificielle, nécessitent des volumes croissants d’énergie. Pour Microsoft, l’énergie nucléaire devient une solution clé pour soutenir son développement tout en limitant l’empreinte carbone de ses opérations. L’accord entre les deux sociétés ne constitue pas une première, un partenariat similaire ayant été signé pour alimenter un centre de données en Virginie en 2023.
Des investissements nécessaires pour la modernisation
Pour assurer le redémarrage de l’unité 1 de Three Mile Island, Constellation prévoit d’importants investissements dans la modernisation des équipements. Ces améliorations incluent la remise en état de la turbine, du générateur, ainsi que des systèmes de refroidissement. Avant toute réactivation, le site devra obtenir l’approbation de la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis après une évaluation approfondie des aspects de sécurité et d’impact environnemental.
Le projet ne se limite pas à la relance de la production énergétique. Il prévoit également la création de 3 400 emplois directs et indirects, ce qui représente un soutien considérable pour l’économie locale, tout en renforçant la sécurité énergétique du pays. Constellation souligne que cette relance est une réponse à la demande croissante d’énergie dans le secteur technologique, notamment pour les infrastructures critiques de Microsoft.
Un retour de l’énergie nucléaire face aux défis énergétiques
La demande énergétique des centres de données, en particulier dans le contexte de l’intelligence artificielle, exerce une pression sur les capacités de production d’électricité. Microsoft, en collaboration avec d’autres investisseurs, s’engage dans le financement de projets d’infrastructures énergétiques. En septembre 2024, l’entreprise s’est associée à BlackRock pour injecter 100 milliards de dollars dans le développement de nouvelles capacités de production et d’expansion des centres de données.
Cette montée en puissance des technologies de l’IA coïncide avec un retour progressif de l’énergie nucléaire. Longtemps éclipsée par des sources renouvelables comme l’éolien et le solaire, l’énergie nucléaire retrouve une place centrale dans les stratégies de décarbonation. Bien que le secteur ait subi un coup dur après la catastrophe de Fukushima en 2011, des projets comme celui de Three Mile Island illustrent la volonté des entreprises et des États d’explorer à nouveau cette source d’énergie pour assurer une production stable et non intermittente.
La relance nucléaire en contexte international
Le projet de relance de Three Mile Island intervient dans un contexte mondial où l’énergie nucléaire est de plus en plus perçue comme une solution efficace pour réduire les émissions de CO2 tout en garantissant la stabilité des réseaux électriques. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il faudrait plus que doubler les capacités nucléaires mondiales d’ici 2050 pour atteindre les objectifs climatiques et garantir la sécurité énergétique. Toutefois, cette progression reste modeste, avec seulement cinq nouveaux réacteurs mis en service en 2023, représentant une capacité totale de 5 GW.
Aux États-Unis, outre Three Mile Island, d’autres projets de relance sont en cours. En 2022, Holtec International, une autre entreprise énergétique, a annoncé son intention de redémarrer la centrale de Palisades, fermée pour des raisons économiques. Ces initiatives témoignent d’une évolution dans les politiques énergétiques américaines, qui réévaluent l’importance de l’énergie nucléaire dans un contexte de forte croissance de la demande électrique.
Le cas de Three Mile Island est ainsi emblématique d’une nouvelle ère pour le nucléaire. Confrontées aux besoins massifs en électricité des centres de données et des infrastructures technologiques, des entreprises comme Microsoft se tournent vers des sources d’énergie non émettrices de CO2 pour répondre à ces défis. L’accord avec Constellation montre que le nucléaire reste une solution compétitive, capable de répondre aux impératifs de décarbonation et de fournir une électricité stable sur le long terme.