L’Europe connaît une baisse significative de la consommation de gaz pour la production d’électricité cet été, avec une réduction de 25% prévue pour le troisième trimestre, selon les prévisions des analystes de S&P Global Commodity Insights. Cette baisse fait suite à une diminution de 31% au deuxième trimestre, résultant en des niveaux de consommation de gaz records les plus bas depuis 2001, mais aussi de la réduction des importations de gaz russe. Cette tendance est principalement due à l’augmentation de la production d’énergie solaire et hydraulique, ainsi qu’à une demande globale d’électricité encore lente à se redresser.
Les analystes anticipent que les centrales à cycle combiné gaz (CCGT) resteront relativement peu sollicitées en raison de la hausse de la production renouvelable. De plus, la faiblesse des prix du gaz entrant dans le troisième trimestre pourrait encore diminuer leur utilisation. Un trader basé au Royaume-Uni a souligné l’augmentation des énergies renouvelables et de la production nucléaire française, ainsi qu’une très bonne production hydroélectrique, comme facteurs clés de cette tendance.
L’Allemagne à contre-courant
Contrairement à la tendance européenne, les centrales à gaz allemandes ont vu leur production augmenter de 10% au premier semestre 2024 par rapport à l’année précédente. Cette augmentation est due à la mise en service de nouvelles centrales à gaz et à la fermeture définitive des centrales à charbon et à lignite, qui avaient été maintenues en ligne ou réactivées lors de la crise d’approvisionnement en gaz de 2022.
En 2024, environ 10 GW de capacité au charbon devraient être fermés en Allemagne, tandis que près de 2 GW de nouvelles capacités au gaz sont maintenant opérationnelles. L’Allemagne possède encore un potentiel important de conversion du charbon au gaz, bien que le charbon dur ne joue désormais qu’un rôle mineur et que le lignite soit plus difficile à remplacer en raison d’une baisse des prix des quotas de carbone de l’UE.
L’Italie en tête
En Italie, la demande de gaz pour la production d’électricité a diminué de 25% au deuxième trimestre et devrait encore baisser de 16% au troisième trimestre. Cependant, avec une moyenne de 10,2 GW, l’Italie reste le plus grand marché européen pour la production d’électricité à partir du gaz. Les prix élevés de l’électricité en Italie maintiennent les marges de production du gaz rentables, malgré des marges de spreads de plus en plus serrées pour les centrales à 50% d’efficacité.
Des enchères de capacité ont permis la mise en service de trois nouvelles centrales à cycle combiné gaz (CCGT) de 800 MW chacune. Tavazzano est déjà opérationnelle, tandis que les dates de mise en service d’Ostiglia et Fusina ont été repoussées à 2025. De plus, la conversion au gaz de la centrale à charbon de 1,7 GW de Brindisi a échoué à l’évaluation environnementale.
L’augmentation des capacités solaires, l’amélioration des niveaux hydrauliques en Ibérie, dans les Alpes et en Italie, ainsi que la lente reprise de la demande, sont des raisons clés de la réduction de la consommation de gaz cet été.
Récapitulatif et réflexion :
La baisse significative de la consommation de gaz pour la production d’électricité en Europe cet été, principalement due à l’augmentation de la production d’énergie renouvelable et à une demande énergétique globalement lente à se redresser, souligne une transformation majeure du secteur énergétique européen. Bien que l’Allemagne et l’Italie montrent des trajectoires différentes en raison de leurs contextes énergétiques spécifiques, la tendance générale vers une moindre dépendance au gaz pour la production d’électricité est claire. Cette évolution pose des défis et des opportunités pour l’avenir du marché énergétique européen.