Les entreprises chinoises ont établi un record en 2024, avec 24 gigawatts (GW) de nouvelles capacités énergétiques installées dans les pays partenaires de l’initiative « Belt & Road » (B&R). Ce volume double les installations de 2023 et représente le niveau le plus élevé depuis le lancement de l’initiative en 2013, selon un rapport de Wood Mackenzie intitulé * »Record Chinese overseas power project completion in 2024: Update on the Belt & Road Initiative »*.
Près de 52 % de ces nouvelles capacités concernent les énergies renouvelables, notamment 8 GW de projets solaires et 5 GW de projets hydroélectriques. L’énergie solaire a dominé le développement des capacités renouvelables, représentant deux tiers des projets de ce type réalisés en 2024. Toutefois, les sources thermiques restent significatives, avec 48 % des installations, réparties entre 6 GW de centrales au charbon et 6 GW de centrales au gaz et au pétrole.
Un outil clé de la diplomatie énergétique chinoise
Depuis le lancement de l’initiative B&R, la Chine utilise les projets énergétiques comme levier diplomatique dans les pays en développement. Cette stratégie repose sur la réduction des coûts des technologies renouvelables par les fabricants chinois, facilitant leur adoption dans des marchés émergents. Ces derniers, auparavant limités par des contraintes budgétaires, voient dans ces investissements une opportunité de répondre à leurs besoins énergétiques croissants.
Alex Whitworth, vice-président et responsable de la recherche sur les énergies renouvelables pour la région Asie-Pacifique chez Wood Mackenzie, explique : « Les entreprises chinoises accélèrent l’accès à des solutions énergétiques abordables et durables dans de nombreux marchés émergents, consolidant ainsi leur influence régionale. »
Cependant, des défis subsistent. La politique chinoise de 2021 interdisant le financement de nouvelles centrales au charbon à l’étranger impacte 19 GW de projets charbonniers en attente, certains risquant l’annulation. Dans le même temps, 9 GW de projets gaziers sont en cours de construction ou à l’étape de planification, offrant une alternative temporaire dans la transition énergétique de ces pays.
L’Asie au cœur des priorités
L’Asie représente 70 % des capacités énergétiques installées dans le cadre de l’initiative B&R, confirmant son rôle stratégique pour la Chine. Les principaux bénéficiaires incluent des pays comme le Pakistan, l’Indonésie, le Vietnam, l’Arabie saoudite et la Malaisie.
Les projets chinois gagnent également en importance dans le domaine des énergies renouvelables. Alors qu’ils ne représentaient que 7 % des capacités éoliennes et solaires dans ces marchés il y a cinq ans, cette proportion dépasse désormais 60 % en 2024. Si la tendance se maintient, leur part pourrait atteindre 80 % d’ici 2030, estime Yanqi Cao, consultante en recherche sur l’énergie pour la région Asie-Pacifique chez Wood Mackenzie.
Une influence durable dans les marchés émergents
Depuis 2013, la Chine a installé 156 GW de capacités énergétiques dans les pays de la B&R, un chiffre équivalent à 1,5 fois la capacité énergétique totale de l’Australie en 2024. Cette dynamique témoigne de l’ambition chinoise de renforcer ses liens diplomatiques et commerciaux à travers des projets énergétiques structurants. Alors que les énergies renouvelables gagnent en importance, elles deviennent non seulement un moteur de croissance économique, mais également un instrument d’influence géopolitique pour Pékin.