En avril 2024, un événement sans précédent s’est produit en Grèce : aucune importation de gaz naturel liquéfié (GNL) n’a été enregistrée, une première en cinq ans. Cette absence marque une rupture significative par rapport aux années précédentes, où le pays importait entre 34 000 et 336 000 tonnes métriques mensuellement. Cette tendance concernant la hausse des importations s’est nettement inversée malgré les attentes initiales d’importation d’au moins trois cargaisons, tel que planifié par Desfa dans son programme annuel de déchargement de GNL pour des raisons économiques, les prix régionaux rendant l’option non rentable. Cependant, les révisions successives de ce plan ont mené à une réduction drastique et finalement à l’annulation totale des cargaisons prévues.
Dynamique des Annulations de Cargaison
Le contexte des annulations révèle une gestion prudente face à un environnement de marché difficile. Initialement, Mytilineos était censé importer 1 TWh de GNL le 6 avril, suivi par 0.5 TWh par Kolmar le 12 avril et un autre 1 TWh par MET le 22 avril. Cependant, dans une révision ultérieure, les créneaux de Kolmar ont été remplacés par Mytilineos, et la cargaison du 22 avril a été annulée. Dans les dernières révisions, les volumes prévus pour les 6 et 12 avril ont été réduits à 0,02 TWh chacun, avant que ces cargaisons ne soient également annulées. Les pénalités pour ces annulations, applicable si elles se produisent entre 45 jours et la date de livraison, peuvent atteindre entre 5% et 20% de la taille de la cargaison, ce qui montre les coûts substantiels associés aux fluctuations du marché. Un marché en recule constant contrairement à celui du photovoltaïque.
Le Rôle Croissant du Gaz de Pipeline
La chute des importations de GNL coïncide avec une augmentation de la dépendance au gaz de pipeline, qui est devenu une alternative plus viable économiquement. Le gaz de pipeline, principalement fourni par le Trans Adriatic Pipeline (TAP) et les importations depuis l’Italie, offre un avantage coût-efficace notable, surtout en comparaison avec les prix élevés du GNL sur le marché spot. Les fournisseurs de gaz du pipeline proposent des tarifs compétitifs, souvent assortis de remises par rapport au hub gazier néerlandais TTF, ce qui renforce leur attractivité face au GNL, particulièrement lors de la saison creuse où la demande est plus faible.
Perspectives Régionales et Réactions du Marché
Les analystes observent que cette situation en Grèce pourrait signaler un changement plus large dans les préférences régionales pour les sources d’énergie, influençant potentiellement les dynamiques de marché dans toute l’Europe du Sud-Est. Les réactions des autres acteurs du marché, notamment en Italie et en Égypte, où de nouvelles demandes pour le GNL ont émergé, sont également à surveiller. La compétitivité du gaz de pipeline et les ajustements des stratégies d’importation de GNL dans ces pays pourraient révéler de nouvelles tendances pour l’industrie énergétique européenne dans les années à venir.
La récession des importations de GNL en Grèce en avril 2024 sert d’exemple frappant de la manière dont les fluctuations des prix et les alternatives plus économiques peuvent influencer radicalement les stratégies énergétiques nationales. Ce phénomène offre une perspective cruciale sur la résilience et l’adaptabilité des infrastructures énergétiques dans un contexte de marché volatile et met en lumière les défis et opportunités pour la Grèce et la région dans leur ensemble.