Les raffineries indépendantes chinoises adoptent une posture attentiste vis-à-vis des cargaisons de pétrole brut iranien, alors même que les tensions géopolitiques s’accentuent au Moyen-Orient. La récente escalade entre Israël et l’Iran suscite des inquiétudes croissantes concernant la sécurité du transport maritime, notamment au niveau du détroit d’Ormuz, voie maritime majeure pour le commerce pétrolier mondial. Cette situation génère des incertitudes importantes, impactant les stratégies d’achat des raffineries indépendantes, principalement localisées dans la province du Shandong, l’un des pôles majeurs de raffinage en Chine. Malgré ces tensions, aucune décision précipitée d’augmentation des stocks n’est envisagée, les raffineries préférant attendre un éventuel apaisement de la crise.
Hausse des coûts et ajustements des prix du brut iranien
Face à ces incertitudes, les prix proposés pour le pétrole iranien de type Iranian Light ont sensiblement augmenté, atteignant une décote de seulement 2 à 2,5 dollars par baril par rapport au Brent, contre 2,5 à 3 dollars précédemment observés. Cette augmentation est principalement due à la hausse des coûts d’assurance et de fret maritime engendrés par les tensions régionales, ainsi qu’à une perception accrue du risque lié au transport maritime. Les tarifs d’affrètement des très grands pétroliers (Very Large Crude Carrier, VLCC) entre le Golfe Persique et la Chine ont enregistré une hausse significative de 66,7 % en une semaine, passant de 10,62 à 17,7 dollars par tonne métrique. Cette évolution rapide contraint les acheteurs à réévaluer leurs stratégies d’approvisionnement à court terme.
Stocks flottants en augmentation mais prudence maintenue
Malgré l’augmentation récente des tarifs, les volumes de pétrole iranien en stockage flottant ont connu une hausse marquée, atteignant 30,8 millions de barils contre 23,5 millions de barils précédemment, selon les données de la société spécialisée Kpler. Cette augmentation des stocks flottants reflète la prudence actuelle des raffineries indépendantes face à une éventuelle perturbation prolongée des approvisionnements. Le marché du raffinage indépendant reste influencé par une structure de marché en backwardation, où les prix futurs du pétrole brut sont inférieurs aux prix courants, réduisant ainsi l’attrait de stocker des quantités importantes à moyen terme. Cette dynamique incite les raffineries à rester attentives à toute évolution des conditions géopolitiques et économiques.
Faibles marges et diversification des approvisionnements
Par ailleurs, les faibles marges de raffinage actuelles et un taux d’utilisation modéré, estimé à environ 49 %, limitent encore davantage la motivation des raffineries à investir dans des achats supplémentaires immédiats de brut iranien. La recherche d’alternatives moins risquées devient donc une priorité, conduisant à un regain d’intérêt pour les pétroles bruts russes et vénézuéliens, jugés plus stables sur le plan des approvisionnements et moins exposés aux fluctuations géopolitiques immédiates. Ainsi, le brut russe ESPO (East Siberia Pacific Ocean) se négocie autour de 2 dollars par baril sous le prix du Brent, tandis que le brut vénézuélien Merey affiche une décote significative, autour de 6 dollars par baril, attirant davantage d’acheteurs chinois.
Dans ce contexte complexe, les raffineries indépendantes chinoises doivent naviguer avec prudence, adaptant en permanence leurs stratégies aux évolutions rapides du marché pétrolier mondial et aux risques géopolitiques inhérents à leurs choix d’approvisionnement.