Le président Joe Biden demande aux raffineries d’augmenter leur capacité de production. Cela permettra d’augmenter l’offre d’essence et de diesel. C’est une réponse aux prix record de l’essence et du diesel aux Etats-Unis. De son côté, l’Américan Fuel and Petrochemical Manufacturers (AFPM) exprime désapprobation face à l’attitude du président américain. L’organisation assure que les raffineries collaborent avec l’administration sur la conjoncture du marché dans le but de fournir des réponses politiques adéquates. De plus, elle dénonce la situation actuelle à cause des politiques subies par l’industrie.
L’impact des politiques publiques sur les raffineries
L’AFPM attribue une grande partie de la responsabilité de la fermeture des capacités des raffineries aux politiques du gouvernement américain. Leurs objectifs seraient d’éliminer progressivement l’utilisation du pétrole.
Mike Wirth, PDG de Chevron exprimait le point de vue de son entreprise sur le sujet. D’autres raffineries américaines partagent son opinion.
» La politique déclarée du gouvernement américain est de réduire la demande pour les produits que les raffineries utilisent. C’est le cas avec les normes CAFE pour l’efficacité énergétique des véhicules, les moteurs à combustion interne ou les politiques d’élimination progressive. À chaque niveau du système, la politique de notre gouvernement est de réduire la demande. «
En outre, les raffineries américaines ne bénéficient d’aucun encouragement politique pour les inciter à maintenir les usines marginales en activité. C’est ce qu’estime Robert Auers, analyste chez RBN Energy.
» Les marges étaient inférieures au seuil de rentabilité pendant un an. Il n’y avait pas de soutien financier du gouvernement pour inciter les raffineries à garder des capacités en ligne pour le retour inévitable de la demande. «
La contrainte normative sur les carburants renouvelables
Tout d’abord, Joe Biden note que les raffineries américaines baissaient leur capacité pendant la pandémie. Ceci se justifiait, car la demande en carburant tombait à des niveaux bas sans précédent. Néanmoins, il souligne dans une lettre que la capacité des raffineries était déjà en baisse.
» Les raffineries américaines réduisaient leur capacité de plus de 800 000 barils par jour au cours de l’année précédant ma prise de fonctions. Cela laisse les raffineries américaines à leur plus bas niveau de capacité depuis plus d’une demi-décennie. «
Ensuite, de nombreuses raffineries justifient cette rationalisation par la norme sur les carburants renouvelables de l’Agence Américaine de Protection de l’Environnement. Cette loi impose une augmentation chaque année des volumes de carburants renouvelables que les raffineries doivent mélanger à leurs carburants traditionnels. La filière estime qu’environ 1,2 million de b/j de capacité de raffinage ne sont plus opérationnels. Environ 40 % de cette capacité de production des raffineries par la nécessité de se mettre à jour sur cette réglementation.
Enfin, les raffineries doivent faire face à des coûts supplémentaires pour être en conformité avec cette norme. Cette loi fait l’objet de litiges et de critiques par de nombreuses raffineries qui la jugent irréaliste.
Des mesures attendues
Premièrement, M. Biden déclare que son Secrétaire à l’énergie va convoquer une réunion sur le manque d’offre de carburants de la part des raffineries. Il engagera le dialogue avec le National Petroleum Council dans les prochains jours. Les raffineries américaines se disent impatientes de travailler avec l’administration Biden. Néanmoins, elles nuancent le sujet sur la relance des capacités de raffinage en expliquant que c’est un processus complexe.
Deuxièmement, la possibilité de redémarrer une raffinerie à l’arrêt fait l’objet d’arbitrage par rapport aux tensions potentielles sur le marché. La raffinerie PBF de Paulsboro, d’une capacité de 160 000 b/j est une candidate possible. Cependant, son redémarrage augmenterait la demande de brut donc il y aurait un resserrement de l’offre déjà limitée. De plus, il faut incorporer les coûts liés au respect de la norme sur les carburants renouvelables.
En conclusion, les analystes s’accordent sur un compromis de la raffinerie St Croix qui se trouve dans les îles Vierges américaines. Le spécialiste Auers corrobore cette approche.
» Elle pourrait redémarrer en tant qu’installation d’appoint et contribuer à répondre à la demande régionale de carburéacteur. «