Suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’Union européenne multiplie les sanctions contre Moscou. Parmi celles-ci, on retrouve l’interdiction complète des importations de pétrole russe. Cette mesure prendra effet à la fin de l’année. Depuis, l’UE cherche des alternatives au diesel russe. Toutefois, la tâche s’annonce plus difficile que prévu.
Une arme à double tranchant
Si cette interdiction aura des impacts pour Moscou, l’Europe craint une pénurie de diesel. De fait, elle importe 2 mt/mois de diesel. Ainsi, l’avenir proche du marché mondial du diesel est encore très flou. Selon S&P Global Commodity Insights, l’arrêt complet des importations de diesel russe laisse la question de l’approvisionnement européen en suspens. Selon une source interrogée, l’Europe n’aurait pas encore de solution pour remplacer le diesel russe.
Outre l’Europe, cette interdiction aura des impacts sur la Russie mais aussi sur l’offre mondiale. De fait, si la Russie ne parvient pas à trouver de nouveaux acheteurs, elle devrait réduire sa production. Ainsi, il y aura une forte réduction de l’offre sur les marchés internationaux. En conséquence, une nouvelle hausse des prix du diesel est attendue.
En parallèle, la flambée des prix depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie débouche sur une baisse de la demande. Par exemple, en France, en juin 2022, la consommation de diesel a chuté de 5% par rapport à l’année dernière. Sur le long terme, une telle chute de la demande menace le marché européen.
Des alternatives possibles ?
Bien que l’avenir de l’apport en diesel pour l’Europe reste en suspens, il existe toutefois de multiples pistes possibles. Les États-Unis et l’Asie constituent les deux autres exportateurs majeurs de diesel pour l’Europe. D’après de nombreux traders, il existe encore beaucoup d’offres potentielles, surtout en provenance du Moyen-Orient et de l’Asie.
Les importations en provenance de ces régions ont d’ores et déjà augmenté dans les derniers mois. Ceci dit, cette augmentation est encore loin d’être à l’échelle nécessaire, surtout une fois que l’apport russe sera coupé.
De plus, il reste aussi la question du type d’importation. L’UE n’a pas encore décidé s’il serait mieux de négocier des contrats à longue durée ou bien miser sur des achats à terme. Les achats à terme offriraient plus de flexibilité. Cette dernière pourrait être avantageuse avec l’incertitude de la demande et de l’offre futures.
Un coup énorme contre la Russie
Malgré les difficultés qu’une telle sanction représenterait pour l’Europe, son impact sur la Russie ne doit pas être sous-estimé. Les exportations en pétrole et gaz constituent 84% du revenu d’exportation de la Russie. Avec le gaz russe déjà sanctionné en Europe, cette interdiction additionnelle du pétrole et diesel a un potentiel désastreux sur l’économie russe.
La Russie cherchera à remplacer l’Europe par d’autres acheteurs. Ceci dit, d’après plusieurs grands acteurs sur le marché, comme Morgan Stanley, la Russie aura beaucoup de mal à trouver assez d’acheteurs. La Russie peut compter sur certains pays, comme l‘Inde, mais il reste difficile de compenser le marché européen.
Illustration : Set of oil refinery or chemical plant silhouettes par S. MAKHNACH