Quatre institutions européennes du secteur nucléaire ont officiellement créé l’Eagles Consortium afin de développer et commercialiser l’EAGLES-300, un réacteur nucléaire modulaire refroidi au plomb de quatrième génération. La signature du partenariat s’est déroulée en marge du Conseil Européen de l’Énergie, réunissant des responsables gouvernementaux belges, italiens et roumains.
Un partenariat stratégique européen
Le projet regroupe le Centre belge d’Études de l’Énergie Nucléaire (SCK-CEN), l’agence italienne pour les nouvelles technologies, l’énergie et le développement économique durable (ENEA), la société italienne Ansaldo Nucleare et l’organisation roumaine de recherche nucléaire RATEN. L’accord a été conclu en présence de plusieurs hauts responsables politiques, dont Mathieu Bihet, ministre belge de l’Énergie, et Gilberto Pichetto Fratin, ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique.
L’EAGLES-300 s’inscrit dans le cadre de l’initiative de l’Alliance industrielle européenne sur les petits réacteurs modulaires (SMR, Small Modular Reactor), initiée par la Commission Européenne. Sélectionné l’année précédente sous l’appellation EU-SMR-LFR, il constitue l’un des deux projets retenus par l’Alliance pour un développement accéléré à l’horizon 2030.
Un réacteur aux caractéristiques avancées
Doté d’une puissance d’environ 350 mégawatts électriques (MWe), ce réacteur offrira des fonctionnalités adaptées aux besoins actuels des réseaux électriques, avec une flexibilité accrue pour l’alimentation en chaleur industrielle et la production d’hydrogène. Son design modulaire doit faciliter la réduction des coûts initiaux d’investissement ainsi que raccourcir les délais de construction et permettre une implantation plus flexible.
L’EAGLES-300 utilisera un combustible nucléaire MOX (Mixed Oxide Fuel), intégrant des matériaux recyclés. Cette approche devrait contribuer à une meilleure gestion du combustible, limitant notamment la production de déchets radioactifs.
Deux sites de tests en Belgique et en Roumanie
Le consortium prévoit deux installations distinctes pour ses essais techniques : le site LEANDREA, situé à Mol en Belgique, dédié principalement à l’évaluation du combustible et des matériaux, avec un objectif de mise en service en 2035. De son côté, le site ALFRED (Advanced Lead Fast Reactor European Demonstrator), à Pitești en Roumanie, sera mis à niveau afin de préparer une future exploitation commerciale globale prévue pour 2039.
Le directeur général de l’ENEA, Giorgio Graditi, a déclaré : « Le Consortium bénéficiera grandement des expertises complémentaires de ses membres dans la technologie du refroidissement par plomb ». Selon Graditi, cette synergie renforcera le positionnement du consortium au niveau européen comme référence sur la technologie des réacteurs refroidis au plomb.
Cristian Bușoi, secrétaire d’État roumain à l’Énergie, a rappelé l’intégration de ce projet dans la stratégie énergétique européenne, soutenue par les initiatives européennes SNETP (Sustainable Nuclear Energy Technology Platform) et ESNII (European Sustainable Nuclear Industrial Initiative) pour le développement des réacteurs nucléaires de quatrième génération.