Le développeur indépendant Qair a entamé la construction de deux centrales solaires hybrides avec stockage à N’Djamena, capitale du Tchad, où les délestages électriques restent fréquents. Le projet, lancé officiellement le 16 mai, s’inscrit dans une stratégie de renforcement de l’accès à l’électricité dans un pays dont le taux d’électrification reste parmi les plus faibles du continent.
Deux sites pour une capacité totale de 30 MWc
Les installations sont réparties sur deux sites : Gassi-Bagoum et Lamadji-Achawail. Chacune des centrales développera une puissance de 15 mégawatts-crête (MWc), appuyée par un système de stockage par batterie d’une capacité de 4 MW/4 MWh. Ensemble, elles fourniront 65 gigawattheures (GWh) d’électricité par an, selon les estimations du promoteur, ce qui représenterait l’équivalent de la consommation de 260 000 habitants.
Près de 48 500 panneaux photovoltaïques à haut rendement, dotés de dispositifs de suivi solaire, seront installés sur les deux sites. Le système comprend une capacité de redémarrage autonome, dite « blackstart », permettant un retour en service indépendant du réseau en cas de coupure généralisée.
Un modèle BOOT sur 20 ans avec transfert à l’État
Le projet est développé selon le modèle contractuel BOOT (Build, Own, Operate, Transfer) d’une durée de 20 ans. À l’issue de cette période, les infrastructures seront cédées à l’État tchadien pour une somme symbolique. Le groupe indique que ce mécanisme vise à renforcer les capacités nationales de production et de gestion énergétique.
La cérémonie de lancement s’est tenue en présence des autorités nationales, de représentants de la Société nationale d’électricité du Tchad (SNE), de la Banque africaine de développement, de Proparco, ainsi que des communautés locales concernées par le projet.
Une présence renforcée de Qair en Afrique
Ce développement au Tchad s’ajoute aux récents progrès de Qair en Afrique du Nord, où l’entreprise a obtenu des autorisations pour deux projets au Maroc et poursuivi son expansion en Tunisie. Avec un portefeuille de projets de 2 gigawatts (GW) sur le continent, Qair mise sur des technologies hybrides adaptées aux réalités locales et un modèle d’ancrage territorial à long terme.
En 2023, selon la Banque mondiale, seulement 12 % de la population tchadienne avait accès à l’électricité, un chiffre tombant à moins de 50 % en zone urbaine. En 2022, les produits pétroliers représentaient 98 % de la production nationale d’électricité, d’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Le recours à des systèmes hybrides avec stockage s’inscrit ainsi dans une volonté de diversification et de sécurisation de l’approvisionnement.
Marc Galinier, directeur pour l’Afrique subsaharienne chez Qair, a salué l’implication des autorités locales, déclarant : « Ce partenariat montre que lorsque les secteurs public et privé unissent leurs forces, des réalisations extraordinaires sont possibles ».