La société de recherche russe Rosgeologiya et le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni minimisent séparément les soupçons de prospection pétrolière et gazière en Antarctique. Ces déclarations interviennent après un examen par une commission parlementaire britannique concernant une possible violation de l’interdiction de l’exploitation minière en Antarctique, inscrite dans le Traité de l’Antarctique de 1959 et le Protocole de 1991 sur la protection de l’environnement. Les soupçons sont alimentés par les sanctions américaines contre le navire de recherche polaire russe Akademik Alexander Karpinskiy en février 2024.
Recherches et ressources potentielles
Les médias britanniques se concentrent sur une déclaration de février 2020 de Rosgeologiya, soulignant des travaux sismiques et autres enquêtes dans une zone adjacente à l’océan Indien, estimant les ressources en hydrocarbures potentielles à environ 511 milliards de barils. Le professeur Klaus Dodds, de l’université Royal Holloway de Londres, exprime des inquiétudes quant à la concurrence stratégique en Antarctique, craignant que la Russie collecte des données sismiques pour de la prospection plutôt que pour de la recherche scientifique.
Réactions des autorités britanniques et russes
Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni rappelle que la Russie est un signataire original du Traité de l’Antarctique. En 2023, tous les signataires réaffirment leur engagement à utiliser l’Antarctique à des fins scientifiques uniquement. Le porte-parole souligne qu’il n’y a actuellement aucune preuve de violation du Protocole. La Russie maintient un programme de longue date de cartographie géologique en Antarctique et assure que ses activités sont purement scientifiques.
« L’année dernière, toutes les parties au Traité de l’Antarctique ont réaffirmé leur engagement continu à travailler ensemble dans le cadre convenu, qui réserve l’Antarctique à des fins scientifiques uniquement. » Il ajoute que : « bien que l’Antarctique contienne une richesse en ressources minérales, il n’y a actuellement aucune preuve de violation du Protocole. La Russie a un programme de longue date de relevé et de cartographie de la géologie de l’Antarctique… La Russie a à plusieurs reprises assuré lors des réunions consultatives du Traité de l’Antarctique que ces activités sont à des fins scientifiques. »
Déclarations de Rosgeologiya
À l’occasion de la Journée annuelle des explorateurs polaires en mai, Rosgeologiya réaffirme son engagement envers la recherche scientifique en Antarctique. La société indique que l’Akademik Alexander Karpinskiy mène des recherches géophysiques dans les mers d’Amundsen et de Bellingshausen en 2023-2024. Une autre équipe effectue des relevés aériens en Antarctique oriental et des travaux géologiques dans l’Oasis de Bunger. Rosgeologiya insiste sur le respect strict des dispositions du Protocole sur la protection de l’environnement, qui interdit toute activité liée aux ressources minérales autre que la recherche scientifique.
Inquiétudes environnementales et géopolitiques
La sous-commission parlementaire britannique entend des témoignages sur la diminution de l’étendue de la banquise en Antarctique à un niveau record en juillet 2023 et sur la pollution par les microplastiques. Une étude de 1992 par l’US Geological Survey estime les ressources pétrolières récupérables en Antarctique à environ 19 milliards de barils de pétrole et 106 Tcf de gaz, mais les difficultés des opérations en Antarctique limiteraient probablement l’exploitation commerciale à 6 milliards de barils et 32 Tcf. Le continent compte sept revendicateurs historiques : l’Argentine, l’Australie, le Chili, la France, la Nouvelle-Zélande, la Norvège et le Royaume-Uni, tandis que les États-Unis et la Russie se réservent le droit de faire des revendications.
Analyse et perspectives futures
Les tensions en Antarctique reflètent les enjeux géopolitiques et environnementaux liés à l’exploitation des ressources naturelles dans une région protégée. Les déclarations rassurantes de la Russie et du Royaume-Uni visent à apaiser les inquiétudes, mais les préoccupations concernant la prospection et la protection de l’environnement persistent. Les activités de recherche scientifique continueront d’être scrutées de près pour garantir le respect des traités internationaux.