En mai 2022, l’Agence Internationale de l’Énergie (IEA) a publié ses projections en termes d’énergies électriques renouvelables dans un rapport. Dans un premier temps, elle revient sur l’évolution des capacités énergétiques après une année 2020 ponctuée par la crise du Covid_19. Par exemple, en 2021, plusieurs zones géographiques se sont démarquées.
Une année 2021 pour la reprise post-Covid
Dans ce bilan, on pourrait évoquer les efforts réalisés par la Chine. Cette dernière représente 46 % des ajouts de capacités renouvelables dans le monde l’année dernière. Elles observent une baisse en glissement annuel (2%), à nuancer vu l’évolution observée en 2020 (+52,6%).
Avec un certain écart, l’Union Européenne et les États-Unis ferment le podium en addition de GW en 2021. Tout d’abord, les Européens dépassent leur « record absolu de 2011 » avec 47 GW et observent un bon glissement annuel, le meilleur du podium. Les Etats-Unis, eux, connaissent une stabilité dans leur évolution de quantité supplémentaire entre 2020 et 2021.
De manière générale, la capacité nette d’addition d’électricité issue du renouvelable surpasse les prévisions initiales de l’IEA de 5 GW. Cependant, si le photovoltaïque reste le secteur privilégié, il est légèrement en dessous des projections. Les bons résultats de l’éolien, de l’hydroélectrique et de la biomasse comblent néanmoins la différence.
Les projections de l’IEA battent des records pour le solaire
Pour la période bisannuelle, le solaire photovoltaïque devrait battre son record d’augmentation global en GW coup sur coup. Par exemple, les projections prévoient une évolution significative de cette technologie dans son utilisation à de grandes échelles. L’électricité issue de cette dernière passerait d’un supplément de 79,1 GW en 2021 à 121,3 GW en 2023, soit un glissement de 34,8%.
Dans un second temps, le photovoltaïque distribué devrait également connaître une croissance dans les calendriers à venir. Dans un premier temps, la fin de l’année 2022 devrait observer une augmentation similaire à celle de 2021 (~ 72 GW). 2023 permettra d’observer une amélioration d’environ 4 GW et de dépasser la barre des 75 GW ajoutés.
Une amélioration qui arrive en parallèle de la baisse des coûts d’investissements liée au photovoltaïque à grande échelle. Contrairement à l’éolien, ils ont été divisés de moitié depuis 2015 (référence prise par le rapport de l’IEA). En 2023, le solaire photovoltaïque dans sa totalité devrait battre un nouveau record, augmentant de 200 GW.
L’éolien continue de se développer
En rapport à 2020, le rapport explique que « les ajouts de capacité d’éolien offshore dans le monde en 2022 » vont doubler. Cette dynamique est impulsée par les lignes directrices de la Chine et de l’Union Européenne. D’ici à la fin de l’année, la Chine pourrait même dépasser l’UE et le Royaume-Uni réunis en termes de capacité installée.
Cependant, cette augmentation en GW annuels supplémentaires restera toujours inférieure à celle entrevue pour les éoliennes terrestres. Une exceptionnelle augmentation était observée en 2020 (+ 107 GW) pour profiter des subventions en Chine avant leur disparition. Désormais, l’addition de GW supplémentaires se fera de manière plus linéaire, avec +76,8 GW en 2022 et +81,4 GW l’année suivante.
Sauf si de nouvelles politiques avantageuses sont mises en place, le développement de l’éolien devrait être stable sur la période 2022-2023. Sur ce laps de temps, l’IEA estime que les coûts d’investissement des nouveaux projets éolien seront plus élevés qu’en 2020. La flambée des coûts de fret est le principal contributeur à l’augmentation globale des prix, notamment pour l’éolien terrestre.
La Chine, un mastodonte ambitieux selon les projections
Dans le pays le plus peuplé du monde, la folle explosion des énergies renouvelables semble arrivé à son terme. La fin des subventions pour les nouvelles centrales solaires ou les projets éoliens terrestres de 2021 a stabilisé les ambitions. Toutefois, le rythme prit par le pays est conséquent et s’il ne compte plus autant s’accélérer qu’avant, il ne devrait pas ralentir pour autant.
Entre 2020-2021 et les projections pour 2022-2023, le glissement bisannuel prévu est d’environ 6%. Cette augmentation marque le pas, mais est tout de même beaucoup moins importante qu’avant. Sur la prochaine tranche prévue par l’IEA, la Chine devrait représenter 45% des ajouts mondiaux de capacité renouvelable en 2022-2023.
Le développement du solaire photovoltaïque à grande échelle assurera cette place prédominante sur le marché. Du début de cette année à fin 2023, la puissance supplémentaire dans ce domaine atteindrait les 160 GW. Les projections IEA prévoient des ajouts totaux qui surpassent de nouveau ceux observés dans le reste du monde avant le Covid.
L’Union Européenne cherche à s’émanciper
Ces derniers mois, la guerre en Ukraine a mis en avant la dépendance de certaines nations aux énergies fossiles russes. L’Allemagne et l’Italie sont assez largement les deux nations à avoir été les plus dépendantes de l’énergie russe en valeur absolue. Pour les deux nations, la dynamique est différente : l’Allemagne pourrait compenser le gaz russe en TWh en 2023, ce qui n’est pas le cas de l’Italie.
L’indépendance énergétique, en partie, via les énergies renouvelables n’est pas une option visible sur le court terme au niveau continental. De nouvelles lignes de conduite ont cependant été établies par la plupart des nations européennes. Cependant, l’IEA explique que « l’impact de ces nouvelles politiques sera limité d’ici 2023. »
Néanmoins, cette latence ne traduit pas une inaction. Pour l’agence, les volontés européennes se traduisent par des projets à grandes échelles aux délais de développement supérieurs à 18 mois. Sur la période prévue par l’IEA, l’augmentation du photovoltaïque et de l’éolien se présente de manière linéaire.
Une évolution contrastée sur le reste du globe
Aux Etats-Unis, l’ambition écologique semble bloquée par les difficultés à concrétiser les projets, selon les projections IEA. Depuis 2020, la cadence ralentit et devrait continuer comme telle à cause de délais de développement élevés. La production locale actuelle de modules photovoltaïques répond à moins de 20 % de la demande annuelle de l’année dernière.
En Inde, l’IEA projette de nouveau record d’expansion de capacité d’électricité renouvelable. Toutefois, les ajouts devraient stagner sur les deux prochaines années, selon le rapport. Le photovoltaïque reste la principale source d’énergie ajoutée chaque année aux ambitions écologiques du pays.
Dans la zone Afrique et Moyen-Orient, l’augmentation continue des capacités est une volonté visible pour se développer énergétiquement. Cette volonté est également visible en Amérique Latine, même si le Brésil semble prendre la direction inverse. Enfin, l’Asie du Sud-Est voit ses augmentations d’énergies renouvelables baisser depuis 2020