La course pour maîtriser l’énergie de fusion, souvent considérée comme la « source d’énergie ultime », progresse sur plusieurs fronts. En Espagne, l’Université de Séville collabore avec le Princeton Plasma Physics Laboratory (PPPL) des États-Unis pour développer un nouveau réacteur de fusion, le tokamak SMART (Small Aspect Ratio Tokamak). Ce projet pionnier vise à explorer les avantages de la « triangularité négative » dans les tokamaks sphériques, une approche prometteuse pour le confinement du plasma.
Le tokamak SMART est conçu pour être accessible à une université tout en apportant une contribution significative au domaine de la fusion nucléaire. Manuel Garcia-Munoz, professeur à l’Université de Séville et co-directeur du projet, explique que l’objectif est d’utiliser des technologies éprouvées, mais de les appliquer d’une manière innovante. SMART sera le premier tokamak sphérique à étudier de manière approfondie le potentiel de la triangularité négative.
Le rôle de la triangularité négative
La triangularité fait référence à la forme du plasma dans un tokamak. En règle générale, la section transversale du plasma est en forme de « D ». Lorsque la partie droite du « D » est orientée vers le centre du réacteur, il s’agit de triangularité positive. À l’inverse, lorsque la partie courbe est orientée vers le centre, on parle de triangularité négative. Cette configuration pourrait améliorer les performances en réduisant les instabilités qui éjectent des particules et de l’énergie du plasma.
Le projet SMART explore cette configuration dans un tokamak sphérique, un type de réacteur de fusion qui, selon les chercheurs, devrait offrir un meilleur confinement du plasma. Le Princeton Plasma Physics Laboratory apporte son expertise en systèmes de magnétisme et de capteurs, tout en collaborant sur la conception de diagnostics pour analyser le comportement du plasma dans SMART.
Avancées techniques et tests préliminaires
Une première expérience dans le tokamak a permis d’observer la lueur rose caractéristique de l’argon chauffé par micro-ondes, étape préparatoire pour accueillir un plasma plus dense et à plus haute pression. Le premier plasma est prévu d’ici la fin de l’année, marquant une étape importante dans l’achèvement de SMART.
Progrès en Nouvelle-Zélande
Parallèlement, en Nouvelle-Zélande, la startup OpenStar Technologies a franchi une étape décisive dans le développement de son prototype de réacteur de fusion. L’entreprise a réussi à alimenter son composant central, un aimant en forme de beignet appelé « Junior », grâce à une technologie brevetée de pompe à flux.
Junior, un dipôle supraconducteur flottant, est suspendu dans une chambre à vide, ce qui lui permet de confiner le plasma de manière stable. Cette technologie vise à reproduire le processus de fusion nucléaire terrestre en maintenant un plasma à des températures supérieures à 100 millions de degrés Celsius, nécessaires pour initier la réaction de fusion.
Selon Rod Badcock de l’Institut de recherche Robinson, cette réalisation prouve la viabilité de l’approche innovante d’OpenStar Technologies, qui repose sur un système magnétique simplifié et efficace. Ce développement représente une avancée clé dans la quête de la fusion comme source d’énergie durable.