La production d’éthanol va baisser aux États-Unis et au Brésil, 1er producteurs mondiaux, suite à la flambée des prix du sucre et du maïs. Or, la demande, elle, ne devrait qu’augmenter.
Une production d’éthanol retardée
La flambée des prix du sucre et du maïs est due à une raréfaction des matières premières utiles à la production d’éthanol. En effet, la sècheresse au Brésil a touché les récoltes de cannes à sucre et les stocks américains de maïs ont diminué. Si aujourd’hui la production américaine d’éthanol a rebondi à 1 million de barils par jour (bpj), elle reste en retard et sa croissance s’avèrera plus lente.
L’éthanol fait augmenter le prix de l’essence
L’éthanol, issu de sources peu couteuses, se transforme en bioéthanol lorsqu’il est hydraté : un biocarburant défiant les prix de l’essence. Il contribue généralement à faire baisser les prix de l’essence, mais cette fois-ci c’est le contraire. L’éthanol coûtant plus cher, le prix de l’essence a lui-aussi grimpé : plus de 3$/gallon aux États-Unis et 4$ au Brésil.
La production d’éthanol : un cumul des records
C’est la première fois depuis 2014 que le prix de l’essence aux États-Unis dépasse 3$/gallon, au Brésil 4$/gallon est un record historique. Le prix de l’éthanol a atteint son plus haut niveau depuis 2014 selon les données de Refinitiv Eikon. Au Brésil, le prix de l’éthanol revient à 3,40 réals par litre soit 2,55$/gallon. Du jamais vu.
Les producteurs d’éthanol ne pensent acheter que 5,2 milliards de boisseaux de maïs pour l’année à venir, des quantités que l’on n’avait pas vu depuis 2014. Car depuis 2014 toutes ces données étaient en constante progression, car l’éthanol permet de réduire la teneur en essence dans un carburant.
Les producteurs peuvent-ils rattraper leur retard ?
Cela semble difficile d’une part parce que la récolte de cannes à sucre au Brésil a diminué de 7% en raison des sècheresses. Impossible donc de produire les mêmes quantités d’éthanol avec 7% de matières premières en moins. Mais aussi parce que les producteurs qui travaillent déjà à des taux réduits (13c/gallon) ne peuvent pas se le permettre.
Augmenter leur production quand le prix des matières premières augmente condamnerait les producteurs à la faillite. Et ce, même si la demande de carburant revient après la pandémie et que les marges pour produire de l’éthanol semblent saines.
Le sucre gagnant face à l’éthanol
Pour être fabriqué, l’éthanol puise dans les récoltes de cannes à sucre, un achat de première nécessité pour les foyers. Puisque l’éthanol ne sert qu’à ceux qui possèdent une voiture, lors de faibles récoltes de cannes, les usines privilégient le sucre à l’éthanol. Pour une raison simple : les ménages continueront à acheter du sucre alors que pour l’éthanol, l’on peut se tourner vers l’essence.
Bruno Lima, le responsable du sucre et de l’éthanol chez StoneX : « L’éthanol peut être celui qui subit les conséquences d’une récolte plus faible. »
Le retour de l’essence
« L’éthanol hydraté perdra des parts au profit de l’essence » déclare Luiz Gustavo Figueiredo, directeur d’une usine au Brésil.
Il faut s’attendre alors à ce que les conducteurs utilisent davantage d’essence avec moins d’éthanol puisque de nombreuses voitures peuvent alterner les carburants. Se délaisser du mélange à 27% d’éthanol n’est pas la solution, car cela pénalise davantage les producteurs d’éthanol et la planète. Comment peuvent-ils espérer diminuer leurs prix si les consommateurs se dirigent vers l’essence et non plus vers l’éthanol ?
Les principaux producteurs d’éthanol qui représente 75% des exportations mondiales estiment une baisse de 6% de production de biocarburant. Par chance, ces deux pays exportent d’autres matières et marchandises et ne dépendent pas de l’éthanol.