La production de pétrole brut de l’OPEP+ enregistre sa plus forte hausse en cinq mois. Cette augmentation est due à la hausse des productions au Kazakhstan et en Arabie saoudite, selon l’enquête Platts de S&P Global Commodity Insights. Toutefois, les quotas ne sont toujours pas atteints.
Une production de pétrole en hausse, mais en deçà des quotas
En juillet, l’OPEP et ses alliés enregistrent la plus forte hausse mensuelle de pétrole brut. Effectivement, l’organisation a augmenté, en juin, sa production de pétrole de 490.000 b/j.
Cependant, l’écart entre la production de pétrole et les quotas visés reste important. De fait, le groupe est encore loin des 648.000 b/j promis. En conséquence de quoi, l’OPEP+ a décidé d’accélérer sa production afin de répondre à la demande en hausse.
Du reste, la production de pétrole l’OPEP s’élève à 29,08 millions de barils par jour. Cela signifie aussi que l’organisation a augmenté sa production de 250.000 b.j par rapport à juin. Les neuf alliés de l’OPEP ont produit quant à eux environ 13,50 millions de b/j, ce qui représente une hausse de 240.000 b/j.
L’ensemble de l’OPEP+ a ainsi extrait plus de 42,58 millions de barils par jour. Cela représente son niveau le plus élevé depuis mars.
Toutefois, l’OPEP ne parvient pas à atteindre les quotas que l’organisation s’est fixés. De ce fait, l’écart entre sa production de pétrole et ses quotas monte à 2,80 millions de barils par jour. Ce qui est tout de même plus que la production du Koweït (5e producteur mondial) en juillet. Selon les calculs S&P Global, le respect des quotas a atteint un niveau record de 222,9%.
Les pays africains en difficulté
La moitié des pays membres de l’OPEP+ ont vu leur production baisser à cause des sanctions à l’égard de la Russie et de l’instabilité géopolitique.
Le continent africain est le plus touché concernant la production de pétrole. Les pays africains membres de l’OPEP sont ceux qui enregistrent les plus grands écarts entre leur production et leurs quotas. Cela est valable pour les deux plus gros producteurs du continent que sont l’Angola et le Nigeria.
Ainsi, par rapport à leurs objectifs, le Nigeria a été en dessous de 569.000 b/j et l’Angola de 332.000 b/j. Pour le Nigeria, cela s’explique notamment par les problèmes techniques, opérationnels et de sécurité des infrastructures pétrolières. L’Angola est également touché par des problèmes techniques auxquels s’ajoute un manque d’investissement.
L’enquête fait également état de la production libyenne. Le pays, toujours instable, n’est pas soumis aux quotas de l’OPEP+. La Libye enregistre une production de pétrole stable de 650.000 b/j en juillet. La production se porte actuellement à 1 million de b/j.
Les pays du golfe, plus grands producteurs
Les pays membres arrivant en tête en termes de production sont les pays du Golfe. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont fourni un total de 280.000 b/j en juillet. Grâce à la hausse de ses exportations et de la consommation de brut, l’Arabie saoudite a augmenté sa production de pétrole de 220.000 b/j.
Malgré une augmentation de sa production, l’État saoudien n’est pas parvenu à atteindre son quota de juillet. L’Arabie saoudite a pompé 10,77 millions de b/j alors que le chiffre de son quota était de 10,83 millions b/j en juillet.
Troisième producteur de l’OPEP, les Émirats arabes unis ont produit 3,14 millions de b/j, ce qui représente une augmentation mensuelle de 60.000 b/j. En juillet, l’Irak a ajouté 70.000 b/j et le Koweït 50.000 b/j.
La Russie et le Kazakhstan rebondissent
En revanche, l’étude de S&P Global constate une reprise pour la production de pétrole russe et kazakhe. En dépit des sanctions, la production russe connaît une reprise, bien que celle-ci soit lente. De ce fait, la Russie a pompé 9,80 millions de b/j en juillet contre 9,75 millions en juin et 9,29 millions en mai.
Comparé aux niveaux d’avant invasion, cela représente un manque de 300.000 b/j. Selon l’enquête, bien que les exportations de brut aient baissé en juillet, la production de pétrole a continué d’augmenter à cause de la demande intérieure.
Concernant le Kazakhstan, le pays d’Asie centrale a vu sa production augmenter et atteindre 1,39 million b/j. La production a ainsi augmenté de 170.000 b/j par rapport à juin. Cependant, le Kazakhstan pourrait connaître une baisse en raison d’une maintenance planifiée de son champ de pétrole brut de Tengiz.
Relative incertitude pour la production future
Cette augmentation de la production de l’OPEP+ a l’avantage d’aider l’économie mondiale qui subit une forte inflation. Le groupe prévoit à nouveau d’augmenter ses quotas pour le mois d’août. Cependant, il y a un risque que les objectifs ne soient une nouvelle fois pas atteints.
Le contexte mondial tendu lié au coronavirus et aux instabilités géopolitiques, pousse l’OPEP+ à plus de mesure pour le mois de septembre. Effectivement, l’OPEP+ ne prévoit d’augmenter ses quotas que de 100.000 b/j par rapport à août.
Pour Platts Analytics, cette faible augmentation traduit le niveau minimal de la capacité de réserve mondiale. C’est ce que relève Paul Sheldon, conseiller géopolitique en chef chez Platts Analytics:
« Les hausses de quotas de l’OPEP+ réduiront la capacité de réserve à 1 million de b/j en septembre, dont moins de 400 000 b/j sont durables pendant plus d’un trimestre. »
Enfin, les ministres de l’OPEP+ doivent se réunir le 5 septembre afin de fixer les objectifs de production d’octobre.
Illustration par Anastasia Vystorobska