La controverse judiciaire impliquant BlackRock, Vanguard et State Street Global Advisors (SSGA) soulève de nouvelles questions sur la stabilité des marchés énergétiques américains. Ces trois gestionnaires d’actifs majeurs sont accusés par treize États américains, menés par le Texas, d’avoir utilisé leurs participations croisées dans des entreprises charbonnières pour influencer la production, dans une affaire soutenue officiellement par le Département de la Justice (Department of Justice – DOJ) et la Commission fédérale du commerce (Federal Trade Commission – FTC).
Les accusations portées contre les gestionnaires d’actifs
À l’origine de la plainte, déposée fin 2024, se trouve l’accusation de conspiration anticoncurrentielle sous couvert d’objectifs environnementaux, sociaux et de gouvernance (Environnemental, Social and Governance – ESG). Selon les plaignants, ces sociétés auraient profité de leur influence dans le secteur du charbon pour réduire artificiellement la production, en contradiction avec la section 1 du Sherman Act et la section 7 du Clayton Act, deux lois fondamentales sur la concurrence aux États-Unis.
Cette démarche judiciaire est renforcée par une déclaration conjointe du DOJ et de la FTC, qui soutient juridiquement l’action menée par les États concernés. Les agences fédérales soulignent qu’une coordination, même motivée par des considérations ESG, demeure illégale si elle limite la concurrence sur les marchés énergétiques, notamment celui du charbon.
La réponse des sociétés mises en cause
En réponse à ces accusations, BlackRock a dénoncé une action « sans fondement », soulignant que cette procédure pourrait paradoxalement affaiblir les entreprises du secteur en restreignant leur accès au capital. Selon BlackRock, un tel scénario pourrait conduire à des augmentations tarifaires sur le marché américain de l’énergie, menaçant ainsi directement la stratégie nationale visant à assurer l’indépendance énergétique des États-Unis.
De son côté, SSGA réfute également les allégations et exprime sa confiance dans le processus judiciaire à venir, tandis que Vanguard émet des réserves concernant l’interprétation juridique de l’action intentée, tout en réaffirmant sa conformité avec les lois antitrust actuelles. La société souligne qu’elle est restée dans les limites autorisées, notamment en matière d’investissement passif et d’engagement actionnarial.
Conséquences économiques potentielles
L’issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions significatives pour l’ensemble du secteur charbonnier américain, qui reste essentiel dans la production d’électricité dans plusieurs régions des États-Unis. Une décision défavorable aux sociétés de gestion d’actifs pourrait contraindre ces dernières à se retirer progressivement du secteur, avec des conséquences directes sur les capacités de financement et les stratégies de développement des entreprises charbonnières américaines.
En parallèle, la position officielle adoptée par les agences fédérales dans ce dossier pourrait influencer durablement la régulation des investissements ESG, particulièrement dans les industries sensibles aux pressions réglementaires et aux objectifs de réduction des émissions carbone.
L’affaire, qui sera examinée prochainement devant les tribunaux fédéraux, pourrait également établir un précédent juridique majeur en déterminant clairement les limites de l’engagement actionnarial dans la gestion des actifs liés aux ressources énergétiques fossiles.