Le prix du pétrole, en baisse, et la pandémie impactent les pays du conseil de coopération du Golfe (GCC). En dépit de leurs différences de richesses, ces pays adoptent des réponses similaires face à cette crise. Une situation analysée par l’institut d’Oxford pour les Etudes Energétiques.
Prix du Pétrole : La dépendance des économies du CCG aux hydrocarbures
Les économies du GCC sont caractérisées par d’importantes rigidités structurelles. En effet, ces pays se sont spécialisés dans la production et le commerce d‘hydrocarbures, moteur de l’économie étatique. Cette dépendance est facilitée par des coûts de production faibles par rapport à d’autres régions.
Malgré leurs projets de diversification, les hydrocarbures représentent encore au moins la moitié du PIB des pays de la région. Ces ressources représentent également entre 78 %, pour les Emirats arabes unis, et 91 %, pour le Koweït, des exportations. De plus, 60 % du budget des Emirats arabes unis, et 90 %, du budget du Koweït dépendent des hydrocarbures.
Des travailleurs immigrés majoritaires dans le secteur privé
Le marché du travail est lui aussi fortement rigide. Les travailleurs immigrés constituent la majorité de la population active et de la main-d’œuvre du secteur privé. Parallèlement, les nationaux sont employés par le secteur public, pour des salaires supérieurs, à niveaux d’éducation et de formation similaires.
Enfin, le secteur privé est dominé par une multitude d’oligopoles. Ils réalisent des marges bénéficiaires qui captent une grande partie des rentes pétrolières, tant en période d’expansion que de récession. Un procédé qui contribue à limiter l’expansion des exportations non pétrolières.
Une volonté de développer les énergies renouvelables
Après l’effondrement du prix du pétrole de 2014 à 2016 la diversification des activités de ces pays est devenue pressante. Les Etats de la région ont la volonté d’adopter diverses réformes pour sortir des hydrocarbures.
Leur objectif est, notamment, de développer des projets d’énergies renouvelables. Pour cela les pays souhaitent améliorer l’environnement commercial du pays pour attirer les investissements directs étrangers. Pourtant, le pétrole continue de dominer leur économie, les exposant aux défis permanents de la volatilité des prix des hydrocarbures
La pandémie accentue la volatilité des prix du pétrole
La pandémie actuelle a généré d’importants chocs budgétaires et une grande volatilité des prix du pétrole. Elle est à l’origine d’une augmentation des dépenses intérieures de ces pays et d’une baisse des recettes d’exportation.
En réponse, les États du GCC ont annoncé d’importants plans de relance macroéconomique axés sur la consommation. Une mesure qui a favorisé les profits des oligopoles du secteur privé.
Aucun soutien apporté aux exportations non pétrolières
En effet, la capacité de production ou des exportations non pétrolières n’a pas été soutenue. En conséquence, des pressions fiscales sont apparues, entrainants des retraits d’actifs des fonds souverains et une augmentation de la dette. La pandémie et les plans de secours ont ainsi érodé bon nombre des avantages et coussins fiscaux historiques.
Avec les structures économiques actuelles et la dynamique du marché pétrolier, ces pertes ne seront pas compensées. Même les futures recettes d’exportation d’hydrocarbures ne pourront inverser la balance. La résilience des économies de ces États s’est donc considérablement affaiblie avec la pandémie.
Prix du pétrole : Des réformes nécessaires pour résister aux chocs futurs selon l’Institut d’Oxford
La pandémie, les mesures de relance, et la baisse des prix du pétrole ont largement nui au PIB du GCC. Ces différents chocs ont provoqué des déficits budgétaires sans précédents. Pour l’OCDE, la plupart des pays exportateurs de pétrole ne seront pas en mesure de surmonter la crise actuelle.
Si rien ne change, les rigidités actuelles et la dépendance aux hydrocarbures continueront d’entraver la durabilité de la reprise. La capacité des Etats à survivre aux prochains chocs des prix du pétrole et de la demande serait compromise. Ainsi, les conclusions du rapport de l’institut d’Oxford pour les Etudes Energétiques rappellent l’importance des programmes de réforme économique.
La pandémie et la baisse du prix du pétrole ont donc particulièrement impacté les économies des pays du CCG. Une situation qui pourrait inciter ces Etats à favoriser le passage à des alternatives plus vertes. Pourtant, les plans de relance se font pour l’instant au détriment de la diversification économique et des investissements verts.