Les prix du gaz naturel liquéfié (GNL) en Méditerranée Est subissent une baisse marquée, reflétant une faible demande et une offre abondante. Les dernières estimations de S&P Global Commodity Insights montrent que les prix du GNL en Méditerranée orientale pour décembre sont désormais de 13,728 $/MMBtu, avec un écart de 13 cents/MMBtu par rapport au hub néerlandais TTF, une différence rarement observée en faveur de l’Europe. Cette dynamique signale un relâchement des primes autrefois associées à la région, en raison d’une demande régionale réduite pour le GNL dans le contexte des conditions actuelles du marché.
La situation résulte en grande partie de niveaux de stockage de gaz bien remplis dans plusieurs pays européens, dont l’Italie et la Croatie. Selon les dernières données de l’Agrégateur d’Inventaire de Gaz, les capacités de stockage sont à 98,16 % en Italie et à 91,10 % en Croatie, des niveaux proches de ceux enregistrés l’année précédente. Ce contexte de stocks élevés réduit l’attrait pour des cargaisons supplémentaires de GNL, exacerbant la baisse des prix dans la région.
Faiblesse de la demande et coût des expéditions
En parallèle de cette faible demande, les coûts réduits d’expédition vers la Méditerranée orientale jouent également un rôle dans la baisse des prix. Certains fournisseurs disposant de capacités d’expédition excédentaires proposent des cargaisons à prix réduit, principalement pour décembre, ce qui contribue à diminuer les primes sur les prix régionaux par rapport aux hubs européens de référence. Ce contexte est d’autant plus accentué par la météo clémente, qui réduit les besoins de chauffage et, par extension, la demande en gaz naturel.
À titre d’exemple, les prix sur le hub italien PSV (Punto di Scambio Virtuale) ont également connu une baisse relative face aux hubs européens majeurs, réduisant ainsi l’écart de prix habituel et reflétant la faible demande des acheteurs pour le GNL au profit de solutions de gazoducs, souvent plus compétitives sur le plan économique.
Impact de la météo et des flux gaziers
Les températures plus douces que prévu en Europe influencent fortement la demande. Si la météo reste modérée, une hausse des prix du GNL en Méditerranée orientale est peu probable. Toutefois, une vague de froid pourrait temporairement intensifier la demande pour les stocks de gaz naturel. Comme l’indique un trader basé en Italie, « la météo actuelle influe grandement sur la demande, et si l’hiver demeure doux, il y aura peu de pression à la hausse. En revanche, une météo plus froide ou des interruptions d’approvisionnement pourraient inverser cette tendance. »
Conséquences géopolitiques et perspectives hivernales
Le marché du GNL en Méditerranée orientale est également influencé par des facteurs géopolitiques, notamment les changements en Égypte, qui est devenue importatrice nette de GNL. Cette modification des flux impacte les disponibilités dans la région, particulièrement en raison des contraintes de passage dans le canal de Suez et de la baisse des volumes de transit gazier via l’Ukraine. Ces éléments renforcent l’incertitude quant aux approvisionnements et créent des fluctuations de prix.
Avec des approvisionnements de GNL réduits en provenance de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, certains analystes anticipent une remontée des prix si des complications apparaissent. Elizabeth Kunle, analyste pour Commodity Insights, explique : « La transition de l’Égypte vers un statut d’importateur net est un facteur significatif, car le marché mondial du GNL est déjà sous pression en raison des retards dans les capacités de liquéfaction. »
Les perspectives pour l’hiver restent incertaines et dépendront de la conjoncture climatique et des approvisionnements. Les acteurs du marché surveillent attentivement la demande européenne, qui pourrait évoluer en fonction des conditions météorologiques et des éventuelles perturbations d’approvisionnement, particulièrement à l’aube de 2025.