Le géant allemand de la chimie BASF n’exclut pas de délocaliser certaines productions « particulièrement gourmandes en énergie », jugeant difficile pour la chimie européenne d’être compétitive dans le contexte de flambée des prix du gaz, a indiqué jeudi son PDG.
« La question se pose de savoir si les produits de base, notamment, pourront encore être fabriqués de manière compétitive en Europe et en Allemagne à long terme », a expliqué Martin Brudermüller dans une interview au quotidien économique Handelsblatt.
Alors que BASF a déjà annoncé cet automne un plan d’économies de 1 milliard d’euros pour 2023 et 2024, cela ne suffira pas et « des adaptations sont également nécessaires dans la production », a-t-il ajouté.
« Nous annoncerons nos plans au premier trimestre », a-t-il poursuivi, précisant que les réflexions portaient sur « les produits particulièrement gourmands en énergie » comme l’ammoniac pour lequel l’énergie représente environ 80% des coûts de fabrication.
Premier consommateur de gaz d’Allemagne avec 47 térawattheures consommés annuellement, BASF a vu sa facture multipliée par trois en Europe sur les neuf premiers mois de l’année par rapport à 2021. Elle est même neuf fois plus élevée qu’en 2020, selon M. Brudermüller.
BASF a pu réduire sa consommation à la marge en améliorant l’efficacité énergétique, et en remplaçant du gaz par des sources d’énergie à base de pétrole. »Mais la majeure partie des économies provient malheureusement des arrêts de production ».
Si les prix du gaz, qui refluent actuellement, vont se stabiliser, « nous pensons qu’à long terme, ils seront environ trois fois plus élevés en Europe qu’aux États-Unis, ne serait-ce qu’en raison des coûts plus élevés du GNL » (gaz naturel liquéfié) qui remplace les importations de Russie.
Martin Brudermüller avait déjà suscité l’émoi fin octobre en annonçant que le groupe allait réduire de « manière permanente » la voilure en Europe alors que le groupe veut se renforcer en Chine où il réalise d’importants investissements.
« Au troisième trimestre, le marché européen de la chimie a reculé de 6% », ajoute le PDG qui y voit l’accélération d’une perte de compétitivité en cours depuis une décennie.
Il met également en cause « la réglementation excessive » du Pacte vert de l’Union européenne, feuille de route des pays de l’UE pour atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.
BASF produit une large gamme de produits chimiques pour l’automobile, l’agriculture, la construction, les matières plastiques, les peintures ou encore les colorants. A lui seul, l’immense complexe de Ludwigshafen, son site historique dans l’ouest de l’Allemagne, emploie environ 39.000 personnes.