Le groupe public tchèque CEZ prévoit d’annoncer d’ici fin 2024 son choix pour le fournisseur de petits réacteurs nucléaires (Small Modular Reactors, SMR). Parmi les candidats figurent Westinghouse (États-Unis), GE Hitachi (américano-japonais), et Rolls-Royce (Royaume-Uni). CEZ écarte ainsi EDF, qui se retire de la compétition en janvier, préférant se concentrer sur d’autres technologies. Le projet SMR s’inscrit dans une stratégie plus large visant à diversifier les sources d’énergie en République tchèque, alors que le pays réduit progressivement sa dépendance au charbon.
Évolution de la Stratégie Énergétique de CEZ
CEZ projette l’installation de son premier SMR à Temelin d’ici 2032, avec un objectif de dix unités d’ici 2050. Les SMR, considérés comme plus faciles à construire et à sécuriser, offrent une alternative aux réacteurs nucléaires conventionnels. Fabriqués en usine et assemblés sur site, ces réacteurs présentent des avantages en termes de coûts et de risques. Cette stratégie fait écho à la volonté de Prague d’accroître la part de l’énergie nucléaire dans son mix énergétique à 50 %, contre 30 % actuellement, dans le cadre d’un plan de remplacement progressif des centrales à charbon.
En parallèle, CEZ opte également pour la construction de deux nouvelles unités nucléaires conventionnelles à Dukovany. Le contrat, d’une valeur de près de neuf milliards de dollars, est attribué à Korea Hydro & Nuclear Power (KHNP) après un appel d’offres où EDF et Westinghouse sont écartés. Ces derniers font appel de cette décision devant l’Office tchèque pour la concurrence, illustrant la compétition féroce qui se joue dans le secteur nucléaire européen.
Défis et Opportunités du Choix des SMR
Le choix des SMR représente pour CEZ une réponse aux besoins croissants de stabilité et d’indépendance énergétique, sans pour autant négliger les contraintes économiques et technologiques. Les projets de SMR en Europe sont encore rares, et leur intégration en République tchèque pourrait servir de modèle pour d’autres pays cherchant à équilibrer sécurité énergétique et flexibilité d’approvisionnement. Les réacteurs de petite taille, moins coûteux à construire que leurs homologues traditionnels, pourraient également réduire les délais de mise en service, une considération essentielle pour les investisseurs et décideurs politiques.
L’initiative de CEZ s’inscrit dans une série de mesures pour moderniser et sécuriser l’approvisionnement énergétique de la République tchèque. Le projet de Dukovany, confié à KHNP, doit débuter avec des tests de la première unité en 2036. La République tchèque cherche ainsi à se positionner comme un acteur clé dans le secteur nucléaire européen tout en assurant une transition énergétique alignée sur ses intérêts nationaux.
Perspective sur l’Avenir Énergétique de la République Tchèque
La décision de CEZ d’investir dans les SMR et les réacteurs conventionnels reflète une stratégie orientée vers la diversification et la sécurité d’approvisionnement. Les réacteurs nucléaires, en augmentant leur part dans le mix énergétique national, pourraient permettre à la République tchèque de réduire son recours aux énergies fossiles tout en assurant une production stable d’électricité. Les négociations en cours et les appels interjetés par EDF et Westinghouse soulignent par ailleurs l’importance géopolitique des contrats énergétiques dans la région.
Le choix final de CEZ pour ses futurs SMR, attendu d’ici la fin de l’année, déterminera non seulement l’avenir énergétique du pays, mais aussi les relations avec ses partenaires industriels internationaux, dans un contexte de transition énergétique mondiale et de tensions commerciales.