Le président russe Vladimir Poutine a publiquement exhorté la Slovaquie à couper ses livraisons d’énergie à destination de l’Ukraine, lors d’une rencontre bilatérale avec le Premier ministre slovaque Robert Fico à Pékin. L’appel intervient alors que les tensions entre Moscou et Kiev continuent de se répercuter sur les infrastructures stratégiques liées à l’approvisionnement énergétique régional.
Poutine a salué la ligne politique « indépendante » menée par le gouvernement slovaque, soulignant l’importance d’une coopération renforcée entre pays d’Europe centrale opposés aux mesures prises par Bruxelles depuis le début de la guerre en Ukraine. La Slovaquie, tout en étant membre de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), reste dépendante des approvisionnements énergétiques en provenance de la Russie, notamment en gaz naturel.
Les frappes ukrainiennes mettent en péril les infrastructures russes
Au cours de l’été, Bratislava et Budapest ont adressé des demandes formelles à la Commission européenne pour dénoncer les attaques ukrainiennes jugées répétées contre des infrastructures russes. Ces frappes, menées en réponse aux bombardements massifs du système énergétique ukrainien par les forces russes, ont touché des installations majeures, dont l’oléoduc Droujba.
Mis en service dans les années 1960, le pipeline Droujba relie toujours la Russie à plusieurs pays d’Europe centrale, dont la Slovaquie. Bien que l’Union européenne ait mis en place un embargo sur la majorité des importations de pétrole russe en 2022, le fonctionnement de ce pipeline a été temporairement maintenu pour garantir l’approvisionnement de certains États enclavés.
Un appel à geler les flux inversés
Dans ce contexte, Vladimir Poutine a suggéré une mesure de rétorsion régionale, en appelant les pays voisins de l’Ukraine à interrompre les livraisons dites « en flux inversé ». Il a affirmé que Kiev continuait de bénéficier d’importants volumes énergétiques acheminés par ses voisins de l’Est.
« Coupez les livraisons de gaz allant en sens inverse, bloquez les livraisons d’énergie », a déclaré le président russe. Cette demande vise directement les mécanismes de transit établis après 2014, qui permettent à l’Ukraine de recevoir du gaz depuis la Slovaquie et d’autres pays d’Europe centrale sans passer par les circuits russes classiques.
Un enjeu stratégique pour l’Europe centrale
Le Premier ministre slovaque Robert Fico, connu pour ses prises de position critiques à l’égard du soutien militaire à l’Ukraine et des sanctions européennes contre Moscou, n’a pas confirmé d’intention de modifier la politique énergétique actuelle. Toutefois, la pression russe pourrait rouvrir le débat sur l’équilibre diplomatique à maintenir entre solidarité européenne et intérêts nationaux en matière de sécurité énergétique.
La suspension potentielle des flux inversés affecterait directement la stabilité énergétique de l’Ukraine, notamment en période de forte consommation hivernale. Pour la Slovaquie, un tel revirement soulèverait des questions juridiques et logistiques sur la conformité aux engagements européens et aux contrats de transit déjà en vigueur.