Depuis plusieurs mois les consommateurs subissent une hausse historique des prix du gaz et du pétrole. Aggravée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette hausse des prix ne date pas du 24 février 2021. De fait, les nombreuses sanctions visant les hydrocarbures russes ne sont pas les seules explications à la flambée des prix du pétrole. Il faut alors se tourner vers le raffinage.
Une crise de capacité de raffinage
En voyant l’état du marché pétrolier, on pourrait en déduire que le prix du pétrole brut a également connu une forte valorisation, ce qui accroîtrait naturellement le coût du baril. Cependant ce n’est pas le cas. Le prix du pétrole brut n’a seulement grimpé de façon très modeste, et il est loin d’être proportionnelle à l’évolution du prix du baril.
Toutefois, cette différence peut s’expliquer par le manque de capacité de raffinage du pétrole dans le monde. De fait, la perturbation du secteur de raffinage est une raison majeure de la hausse des prix. Depuis la crise de la COVID-19, de nombreuses raffineries ont fermé. C’est particulièrement le cas aux États-Unis, en Europe ou encore en Chine.
En conséquence, on observe une chute de la production journalière. Alors que les raffineries produisaient 100 millions de barils par jour avant la crise, la production connaît une diminution de l’ordre de 20%. C’est la première fois que la capacité de raffinage de pétrole baisse depuis plus de trente ans.
Une offre qui a du mal à rattraper la demande
Malgré l’impact de la pandémie sur la demande, celle-ci remonte rapidement aux niveaux habituels. Cependant, l’offre n’a pas pu suivre l’évolution de la demande. En particulier à l’étape du raffinage.
Bien que les raffineries réouvrent, il est prédit que la capacité de production augmentera seulement de 1 million de barils par jour en 2022, puis de 1,6 million en 2023. Ainsi, cette capacité restera toujours bien en dessous des 100 millions de barils par jour d’avant la pandémie.
La baisse de la capacité de raffinage est tout de même bien plus forte que la baisse réelle du raffinage. Ce dernier montait jusqu’à 82,1 millions de barils par jour avant la crise sanitaire. En avril, le raffinage atteignait à 78 millions de barils par jour. D’après l’IEA, on devrait bientôt atteindre les 81,9 millions de barils.
Le rôle de la Russie dans la crise
Suite à l’invasion de l’Ukraine, les sanctions internationales se sont multipliées. Ainsi, environ un tiers de la capacité de raffinage du pays n’est pas exploité.
De plus, le prix du gaz naturel nécessaire aux raffineries européennes connaît une forte augmentation. D’autres raffineries dépendent de gasoil sous vide (GOSV), une ressource qui provient aussi souvent de la Russie.
Certains acteurs, comme l’Inde, profitent de l’embargo sur le pétrole russe en important du pétrole brut du pays. Elle le raffine ensuite pour l’utiliser à échelle domestique et pour l’export. Avec une capacité de raffinage de plus de 5 millions de barils par jour, l’Inde entend augmenter sa production de plus de 450.000 barils par jour d’ici la fin de l’année. Ceci résulterait en une hausse significative des revenus du pays.