articles populaires

Pour faire de la COP28 un succès, son président joue le réalisme

Sultan al-Jaber, président émirati de la COP28, dévoile une vision pragmatique et ambitieuse pour la transition énergétique mondiale. Dans un entretien exclusif, il expose ses objectifs, appelle à une action concertée et défend le rôle du nucléaire.
COP28

Partagez:

Sultan al-Jaber, le président émirati de la plus importante conférence climat internationale depuis celle qui livra l’accord de Paris, a une réponse simple quand on lui demande quand le monde brûlera sa dernière goutte de pétrole: quand il y aura assez d’énergies bas carbone pour le remplacer.

COP28 : la nécessité de transition progressive vers les énergies bas carbone

« Nous ne pouvons pas mettre fin au système énergétique actuel avant d’avoir construit le système énergétique de demain », répond-il dans un entretien à l’AFP à Bruxelles.

Celui qui est également patron de la compagnie pétrolière émiratie venait de livrer pour la première fois le menu des objectifs qu’il entend porter à la COP28 qui s’ouvrira le 30 novembre à Dubaï, dans un discours devant des ministres européens et chinois.

A ceux qui espèrent que le monde appellera à la sortie du pétrole et du gaz, lui répond que leur réduction est « inévitable » et « essentielle », mais que le réalisme interdit de s’en passer du jour au lendemain. Il parle même de « pénurie » d’énergie actuellement. « Nous devons garder en tête que 800 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité aujourd’hui », dit-il, « nous ne voulons pas créer de crise énergétique ». « Je n’ai pas de baguette magique, je ne veux pas inventer des dates qui ne sont pas justifiées », pointe-t-il, assurant que personne n’est en mesure d’avancer une date précise de sortie des énergies fossiles.

La vision pragmatique du président de la COP28 : expertise dans les énergies fossiles et renouvelables

Le raisonnement se veut pragmatique pour celui qui est à la fois expert des énergies fossiles et des renouvelables, en tant que patron de la compagnie nationale Adnoc, et fondateur de la société nationale d’énergies renouvelables, Masdar. Sultan al-Jaber, qui a déjà mené aussi la délégation de son pays à une dizaine de COP, rejette vivement les accusations récurrentes de partialité de la part des écologistes, alors qu’Adnoc prévoit de développer de nouveaux champs pétroliers.

« Ce n’est pas un conflit d’intérêt, c’est notre intérêt commun d’avoir quelqu’un qui vient des affaires », poursuit-il, notant qu’il est le premier patron président de COP. « C’est même motivant, pour prouver au monde qu’une personne avec mon expérience peut proposer quelque chose de complètement différent ».

Les objectifs ambitieux de la COP28 : vers une transition énergétique mondiale et une action concertée

Il a dévoilé jeudi des objectifs qui semblent dessiner l’ossature d’un grand accord à la COP28, dont il veut clairement renouveler le genre. Les deux dernières éditions se sont achevées par un pugilat diplomatique entre ceux qui veulent voulait voir adopter une sortie des énergies fossiles et les pays pétroliers, du Golfe comme des États-Unis. Lui veut mêler les engagements des États sous l’égide de l’ONU et ceux des industriels et du secteur privé auquel il entend donner une large place à Dubaï. Il y attend 70.000 participants, le double des plus grandes COP passées.

« Nous devons tout faire pour que les 1,5°C restent à portée de main », insiste Sultan al-Jaber, évoquant l’objectif de réchauffement maximal fixé par l’accord de Paris. « Je n’ai aucun doute que nous serons en mesure de produire un résultat concret » au terme d’une COP « tournée vers l’action (…) et soutenue par le secteur privé et les capitaux privés ». Parmi les objectifs concrets proposés jeudi: tripler la capacité des renouvelables dans le monde d’ici 2030, à 11.000 gigawatts, doubler l’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030, doubler la production d’hydrogène d’ici 2030. Des objectifs auxquels l’Union européenne, qui avait failli claquer la porte à la COP27 en Égypte, souscrit déjà largement.

Le rôle clé du bilan des engagements climatiques pré-COP28 : l’appel de Sultan al-Jaber à une action renforcée

« Je suis très optimiste », résume Sultan al-Jaber, qui parsème ses propos de « résultats », d' »actions » et d' »indicateurs clés de performance ». L’ingénieur de 49 ans défend aussi sans hésiter le nucléaire: « une source d’électricité sûre, durable, bas carbone, qui peut être un pont très robuste dans cette transition ».

Pour la première fois, un bilan global des engagements climatiques des pays, attendu en septembre, précèdera la COP. On sait déjà ce qu’il conclura: malgré toutes les grandes promesses de neutralité carbone, les plans effectivement adoptés sont insuffisants pour limiter le réchauffement. Sultan al-Jaber, toujours désireux de se montrer dans l’action, a donc écrit jeudi à tous les pays participant aux COP, les appelant publiquement à revoir à la hausse leurs plans climat « d’ici septembre, pour les aligner sur l’accord de Paris ».

Le jour-même, les Émirats arabes unis ont publié leur propre plan mis à jour. Les experts du Climate Action Tracker diront dans quelques jours si cela améliore la note des Émirats, jusqu’à présent dans la catégorie « hautement insuffisante ».

Inscrivez-vous gratuitement pour un accès sans interruption.

Publicite

Récemment publiés dans

Cuba, frappée par deux ouragans et une crise énergétique aiguë, reçoit un soutien renforcé de la Russie, incluant dons financiers, équipements et un partenariat éducatif pour développer son secteur énergétique.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
Les tankers liés aux pays du G7 reprennent du service en Russie, atteignant leur plus haut niveau en sept mois, profitant des opportunités offertes par la faiblesse du prix du brut russe sous le plafond de 60 $/b.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
L'ouverture de la COP29 a été marquée par des tensions autour du mécanisme de taxe carbone européen (CBAM), suscitant un débat entre pays développés et émergents. Un point sensible qui pourrait redéfinir la coopération climatique internationale.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La COP29 inaugure un cadre réglementaire pour les échanges de crédits carbone entre pays et entreprises, sous la houlette de l'ONU, avec pour objectif d'assurer la fiabilité de ces transactions dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Lors de l'ouverture de la COP29 à Bakou, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réaffirmé le droit de son pays à exploiter ses ressources naturelles. Les pays en développement plaident, de leur côté, pour une aide financière accrue des nations riches.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
À la COP29, l’Azerbaïdjan presse les négociateurs pour une adoption rapide des règles de l’Article 6, un enjeu crucial pour les marchés internationaux de crédits carbone. Les pourparlers s'intensifient à Baku, mais des obstacles demeurent.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Victime d'une attaque des Houthis en août, le pétrolier Sounion commence sous haute surveillance le transfert d’un million de barils de pétrole vers le Delta Blue dans le canal de Suez, prévenant un désastre écologique.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Le Venezuela et la Russie ont signé plusieurs accords militaires et pétroliers visant à renforcer leur coopération, consolidant ainsi une alliance stratégique qui s'étend jusqu'en 2030 et au-delà.
Face aux tensions commerciales avec les États-Unis, Ursula von der Leyen a proposé à Donald Trump d'accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe en Europe.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
La COP29 s'ouvre à Bakou, Azerbaïdjan, en pleine incertitude politique mondiale, avec des appels renouvelés pour des financements massifs en faveur des pays en développement face à la crise climatique.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Huit agences thaïlandaises signent un accord avec l'Allemagne pour réduire les émissions de CO₂ via un projet de « couplage sectoriel », visant une neutralité carbone d’ici 2050 et des émissions nettes nulles d'ici 2065.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
Les autorités kurdes espèrent une résolution rapide pour reprendre leurs exportations pétrolières, suspendues depuis mars 2023, suite à un amendement de Bagdad sur les coûts d'achat du pétrole extrait dans la région autonome.
À la COP29, l'ONU s'engage à encadrer le marché des crédits carbone pour en renforcer la transparence et la qualité, dans un effort pour réduire les émissions mondiales de CO2.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
Les exportations américaines de pétrole vers l'Asie, malgré leur solidité, pourraient être impactées par la politique étrangère du prochain président américain, en fonction des relations avec la Chine, l’Iran et d’autres pays producteurs.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
L’Azerbaïdjan, pays hôte de la COP29, est depuis des siècles une terre de ressources pétrolières et gazières. Sa stratégie actuelle mise sur le gaz naturel pour devenir un fournisseur incontournable en Europe.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.
Face aux tensions géopolitiques et à une dépendance énergétique critique, l'Ukraine explore un partenariat avec le Qatar pour diversifier ses sources d'énergie et attirer des investissements dans ses infrastructures énergétiques.
En pleine crise énergétique, le Mexique envoie du pétrole à Cuba pour alléger les pénuries d’électricité et s’opposer au blocus américain, un geste humanitaire malgré les critiques.
La Turquie et le Sénégal ont conclu un accord de coopération en hydrocarbures, incluant l'exploration, la production et le commerce du pétrole et du gaz, renforçant les relations d'Ankara avec les économies africaines émergentes.
La Turquie et le Sénégal ont conclu un accord de coopération en hydrocarbures, incluant l'exploration, la production et le commerce du pétrole et du gaz, renforçant les relations d'Ankara avec les économies africaines émergentes.
La société gazière slovaque SPP réfute les informations sur un accord imminent avec l’Azerbaïdjan pour assurer un approvisionnement de gaz via l'Ukraine, malgré les discussions en cours pour maintenir la continuité des flux énergétiques.
La société gazière slovaque SPP réfute les informations sur un accord imminent avec l’Azerbaïdjan pour assurer un approvisionnement de gaz via l'Ukraine, malgré les discussions en cours pour maintenir la continuité des flux énergétiques.
Les dirigeants mondiaux se réuniront à Bakou pour la COP29, un sommet sur le climat qui pourrait être bouleversé par le résultat des élections américaines, avec des enjeux cruciaux autour du financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
Les dirigeants mondiaux se réuniront à Bakou pour la COP29, un sommet sur le climat qui pourrait être bouleversé par le résultat des élections américaines, avec des enjeux cruciaux autour du financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
En diversifiant ses débouchés énergétiques, le Nigéria lance un partenariat avec la Grenade pour développer ses ressources d’hydrocarbures, avec un investissement pouvant atteindre plusieurs milliards de dollars.
Le marché nordique adopte un modèle d’optimisation des flux énergétiques, intégrant les énergies renouvelables et renforçant la coopération régionale. Ce modèle favorise une gestion efficace et durable de l’électricité pour la région.
Le marché nordique adopte un modèle d’optimisation des flux énergétiques, intégrant les énergies renouvelables et renforçant la coopération régionale. Ce modèle favorise une gestion efficace et durable de l’électricité pour la région.
L’adoption du modèle basé sur les flux transforme le marché énergétique nordique, favorisant une convergence des prix et de nouvelles opportunités pour les acteurs régionaux.
L’adoption du modèle basé sur les flux transforme le marché énergétique nordique, favorisant une convergence des prix et de nouvelles opportunités pour les acteurs régionaux.
Les pays nordiques adoptent un modèle de couplage de marché basé sur les flux, renforçant leur collaboration énergétique avec l’Union européenne, et affirmant leur rôle dans la sécurité énergétique et la transition verte en Europe.
Les pays nordiques adoptent un modèle de couplage de marché basé sur les flux, renforçant leur collaboration énergétique avec l’Union européenne, et affirmant leur rôle dans la sécurité énergétique et la transition verte en Europe.

Publicite