La demande de relance d’une commission d’enquête sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie française a été formulée mardi par le groupe communiste (Groupe de la Gauche Démocratique et Républicaine, GDR) à l’Assemblée nationale. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de poursuivre des travaux interrompus après la dissolution de l’Assemblée en 2023.
Lors d’un point presse, André Chassaigne, président du groupe GDR, a souligné la nécessité de reprendre les investigations. « On est obligés de reprendre une commission d’enquête qui était quasiment terminée au moment de la dissolution », a-t-il déclaré. Le groupe GDR, qui comprend de nombreux élus ultramarins, a activé son « droit de tirage », permettant à chaque groupe parlementaire de demander la création d’une commission d’enquête par session parlementaire. Le feu vert final devra être validé par la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.
Les objectifs de la commission
Cette commission d’enquête portera sur les essais nucléaires menés par la France en Polynésie entre 1966 et 1996, couvrant plusieurs volets majeurs :
– Les conséquences sanitaires des retombées radioactives sur la population polynésienne ;
– L’évaluation des dommages environnementaux ;
– Les procédures d’indemnisation des victimes.
Selon les auteurs de l’initiative, parmi lesquels la députée polynésienne Mereana Reid Arbelot, ce travail vise également à favoriser une réconciliation entre la Polynésie et la Nation française. Les auditions menées avant la dissolution avaient déjà révélé des problématiques essentielles, notamment la difficulté d’évaluer l’ampleur des impacts radioactifs et les obstacles administratifs rencontrés par les victimes cherchant à obtenir une indemnisation.
Un défi de mémoire collective
Au-delà des enjeux scientifiques et juridiques, cette enquête s’attache également au travail de mémoire. Les essais nucléaires, souvent perçus comme un sujet tabou, ont marqué l’histoire de la Polynésie et continuent d’alimenter des tensions. Les élus souhaitent donc approfondir les mécanismes pour documenter cette période, sensibiliser la société et élaborer des mesures de réparation concrètes.
Lors des précédentes auditions, des experts avaient pointé la complexité d’identifier précisément les retombées des essais, en raison d’un manque de transparence dans les archives et de données lacunaires. Le défi est donc double : établir des faits clairs tout en engageant une discussion nationale autour de ces événements.
Prochaines étapes
La mise en place effective de cette commission dépendra de l’approbation formelle par la commission de la Défense. Une fois validée, elle reprendra les auditions et analyses suspendues l’année dernière. Ce redémarrage permettra d’éclairer les débats sur une question qui reste un point de discorde entre la Polynésie et l’État français.
En relançant cette enquête, l’objectif est de répondre aux attentes des victimes, de leurs familles et de l’ensemble de la population polynésienne, tout en amorçant un dialogue sur les responsabilités historiques liées à ces essais nucléaires.