Aux Philippines, le ralentissement de l’utilisation des combustibles fossiles laisse place à celle des énergies renouvelables, secteur en plein essor. C’est l’Institut pour l’Analyse Financière et Économique de l’Énergie (IEEFA) qui fait part de ses prévisions pour le pays.
Les Philippines veulent supprimer le charbon
Alors qu’en 2008, l’archipel adopte une loi soutenant les énergies renouvelables, la part du charbon dans le mix énergétique augmente. De nos jours, il fournit ainsi 57% de l’électricité du pays, le gaz naturel, 19%, et les énergies renouvelables, 21%. Mais le gouvernement annonce de nouvelles mesures et vise une part de 35% d’énergies renouvelables d’ici à 2030.
De même, pour 2030, les Philippines souhaitent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 75%. Pour ce faire, le gouvernement a annoncé fin 2020 un moratoire sur les nouvelles centrales au charbon. Une annonce espérée, puisqu’en raison de sa situation géographique, l’archipel est particulièrement vulnérable aux événements climatiques extrêmes.
Le gouvernement soutient les projets d’EnR
Avec les objectifs pour 2030, le gouvernement philippin démontre son soutien pour la transition énergétique, nécessitant les énergies renouvelables. En effet, il prévoit une vente aux enchères en octobre dans le but d’attirer les investissements dans le secteur. Un évènement qui s’explique par l’importante quantité d’énergie renouvelable (EnR) supplémentaire nécessaire pour le pays, estimée à 20 GW.
Aussi, le gouvernement prévoit d’augmenter la norme de portefeuille d’EnR du pays, obligeant les grands consommateurs énergétiques à s’y plier. De fait, le mix énergétique pourrait être doté de 56% d’énergies renouvelables d’ici à 2040.
Le charbon, option coûteuse et risquée
Si le charbon est délaissé pour des raisons environnementales, ce sont aussi des facteurs économiques qui l’écartent du jeu. Pour cause, les Philippins paient en moyenne 0,189$ par kilowatt-heure, le taux le plus élevé d’Asie du Sud-Est.
De plus, les centrales représentent un pari risqué pour les investisseurs, qui se méfient de l’échec des actifs. La Banque des îles Philippines compte ainsi réduire son exposition au charbon de moitié d’ici à 2026. Et la Rizal Commercial Banking Corp. a délaissé le financement du charbon en décembre 2020. Une première pour le pays.
Les projets charbonniers en chute libre
Dès l’annonce du moratoire gouvernemental il y a quelques mois, certains conglomérats nationaux ne soutiennent plus les nouveaux projets charbonniers. D’ailleurs, rares sont les projets toujours menés à ce jour, souvent annulés ou remplacés par des installations de gaz naturel.
Le coût élevé du charbon s’explique par les pénuries d’énergies survenues dans le pays. Dont la cause réside en de pannes et d’un affaiblissement de la capacité de cinq centrales à combustibles fossiles. Le charbon montre ainsi ses limites, laissant la place à d’autres solutions énergétiques.
Le GNL, fausse solution ?
Dans un premier temps, la future élimination du charbon a laissé entendre que le gaz naturel importé serait l’alternative nécessaire. Mais cet autre combustible coûteux et à forte émissions de GES a été balayé par le gaz naturel liquéfié (GNL). Le Japon et les États-Unis ont notamment soutenu les Philippines pour construire des infrastructures pour importer du GNL.
Cependant, qualifié de « carburant de transition » le GNL nécessite des engagements à long terme, ce qui peut laisser le pays dans sa dépendance à un carburant importé coûteux. Les projets de GNL ne sont pas une priorité, de par la volatilité des prix du marché et leur moindre fiabilité. L’IEEFA estime même à $14 milliards la valeur des actifs voués à l’échec dans le secteur.
La compétitivité des EnR s’accroît
Les EnR sont sur le point de décoller, en partie grâce à un travail militant grandiose des locaux. L’IEEFA les rejoints sur l’urgence de la situation, et la nécessité pour le pays d’avoir un « système électrique propre, fiable et abordable ». Ainsi, le caractère urgent de la transition énergétique et la volatilité des prix du marché du GNL promettent un bel avenir aux EnR.
Elles représentent la solution clé pour réduire la dépendance des Philippines aux centrales à combustible fossile. Et permettent même de baisser les prix, les appels d’offres passés proposant de l’énergie solaire à $0,044/kWh.
Des projets en cours pour les objectifs de 2030
Les énergies renouvelables devraient proliférer aux Philippines dans les prochaines années. Actuellement, près de 1500 MW d’énergie solaire et éolienne sont en service, 655 MW ont déjà reçu un financement. Et 17.379 MW supplémentaires en seraient aux premiers stades de développement.
Bien que l’IEEFA se montre confiant quant au développement des EnR dans le pays, il insiste sur le fait qu’il n’y ait « pas de temps à perdre ». Finalement, les Philippines s’engagent doucement, mais sûrement, vers la transition énergétique.