Le gouvernement hongrois annonce la suppression du plafonnement des prix du carburant. Pour cause, une pénurie d’essence a entraîné une ruée vers les stations-service.
“La mesure est supprimée” avec effet immédiat, déclare Gergely Gulyas, le chef de cabinet du Premier ministre Viktor Orban, lors d’une conférence de presse. En effet, ce dernier pointe les sanctions européennes contre la Russie, régulièrement critiquées par l’exécutif hongrois pour le marasme économique du pays.
Perturbation de l’offre et la demande
“Ce que nous craignions s’est produit”, a-t-il dit: l’entrée en vigueur d’un embargo de l’Union européenne (UE) sur le pétrole russe acheminé par voie maritime “ provoque des perturbations tangibles dans l’approvisionnement de pétrole”.
Un peu plus tôt, l’entreprise MOL avait déploré une “situation de l’offre clairement critique”.
“La demande explose, les consommateurs font des réserves et les achats de panique commencent”, a déclaré Gyorgy Bacsa, directeur exécutif de la compagnie, dans un communiqué transmis à l’AFP.
Les médias montrent des files d’attente d’une centaine de mètres de long aux abords de stations-service du pays. Un photographe de l’AFP constatent également des difficultés en plusieurs endroits de la capitale Budapest.
“Une pénurie partielle de nos produits touche tout notre réseau et un quart de nos stations sont complètement à sec”, déplore M. Bacsa.
La pénurie de carburant est due à une baisse de 30% des importations de carburant, ainsi qu’à des opérations de maintenance dans l’une des raffineries de MOL, qui doivent durer “plusieurs semaines”, a-t-il précisé.
L’Association des stations-service indépendantes (FBSZ) appelle le gouvernement à abandonner le plafonnement des prix du carburant, le jugeant responsable du manque d’essence remarquable depuis des semaines. Pour ne pas vendre à perte, les entreprises étrangères réduisent leurs livraisons de carburant à la Hongrie, selon FBSZ.
Des prix plafonnés pour soutenir l’économie
En novembre 2021, Budapest décrète un prix fixe d’environ 1,17 euro par litre de sans-plomb 95. Révisé tous les trois mois, le plafond a été prolongé pour la dernière fois en septembre.
Cette mesure, également appliquée à une série de produits alimentaires de base, vise à soutenir l’activité économique et à juguler la flamblée des prix, argue le gouvernement.
L’inflation en Hongrie dépasse 21% sur un an en octobre, son niveau le plus élevé depuis 1996, et le troisième plus élevé de l’UE, selon Eurostat. Le gouverneur de la banque centrale hongroise, Gyorgy Matolcsy, fustige les “plafonnements des prix”. Il estime qu’ils gonflent “de trois à quatre points de pourcentage l’inflation” en poussant les commerçants à augmenter les prix des autres biens.