La SOMO, entreprise publique irakienne, redéfinit sa stratégie. Son directeur général, Alla al-Yasri déclare que l’entreprise envisage de signer des contrats de vente de brut avec de nouveaux acheteurs européens. Le pays veut profiter du contexte géopolitique actuel. En outre, l’Irak voit ses produits pétroliers concurrencés par le brut russe qui attirent des acheteurs en Asie.
Une augmentation des livraisons de pétrole en Europe
Premièrement, la SOMO dispose, à l’heure actuelle, des contrats pour fournir jusqu’à 600.000 b/j aux acheteurs européens. Le pays exporte principalement du Basrah Medium et Heavy. Toutefois, les exportations irakiennes vers l’Europe augmentent.Les volumes de mai atteignent 635.000 b/j, contre 591.000 b/j en avril et 500.000 b/j en mars.
Deuxièmement, la SOMO déclare recevoir un nombre important de réponses positives sur des demandes de sociétés européennes. Cela pourrait conduire à des contrats avec de nouveaux acheteurs. À terme, il y aurait une augmentation des ventes de pétrole irakien sur le continent. L’Europe ne recevant que 15% des exportations de brut de l’Irak en 2021.
De plus, M. Yasiri prédit que le marché européen pourrait connaître un déficit d’un million de b/j de qualité acide moyenne. Ceci crée des opportunités pour un marché prometteur à long terme pour le brut irakien. Même si les qualités moyennes du pétrole irakien ne sont pas conformes aux standards de bruts que traitent les raffineries en Europe, il s’attend à ce que les qualités irakiennes fassent l’objet d’une demande sur le continent.
La concurrence du brut russe en Asie
Tout d’abord, l’Irak exporte actuellement la majorité de son pétrole vers l’Asie. Le pays, deuxième plus grand producteur de l’OPEP, était le premier fournisseur de pétrole de l’Inde l’année dernière. Il fournissait plus de 1 million de b/j à l’Inde, ce qui représentait plus d’un tiers de ses exportations totales de 2021. La Chine est le deuxième plus gros client de l’Irak avec 953.000 b/j pour 2021.
Ensuite, le pétrole irakien pourrait se retrouver face à la concurrence du brut russe dans la région. Ce dernier se vend à un prix inférieur depuis les sanctions européennes. Le 21 juin, l’Oural russe s’évaluait à 80,295 $/b contre 120,54 $/b pour le Brent. Ainsi, dans le cycle commercial actuel, l’alternative russe attire de plus en plus les acheteurs asiatiques sensibles aux prix.
Enfin, l’Oural russe se classe comme une qualité acide moyenne. Il est très similaire aux produits comme le Basrah Medium ou l’Arab Heavy. Comme il se négocie à des prix très inférieurs à ceux des autres bruts depuis l’invasion de l’Ukraine, des pays de la région vont se tourner vers cette alternative.
C’est ainsi que l’Inde et la Chine s’arrachent les volumes de bruts russes durant la première moitié de juin. Ils profitent du fait que les États membres de l’UE se retirent progressivement du commerce du pétrole avec Moscou en mettant fin aux importations de brut et de produits russes.
Les données de Kpler corroborent cette perspective. Les deux pays augmentent leur part de brut russe dans leurs importations de pétrole à près de 30% et 20 %, respectivement. Cela représente une augmentation combinée de plus d’un million de b/j par rapport aux niveaux d’avant-guerre.