Les contrats à terme sur le pétrole brut étaient en hausse dans les échanges asiatiques en milieu de matinée le 5 avril. Les marchés continuent à prendre en compte la possibilité d’une interdiction des importations d’énergie russe dans l’UE.
L’enlisement de la situation en Ukraine
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie semble aujourd’hui loin d’être résolu. En effet, Moscou reste inflexible face aux sanctions occidentales, ce qui pourrait pousser les États-Unis et l’Union européenne à les élargir encore.
En effet, le 4 avril, Emmanuel Macron appelé à de nouvelles sanctions visant les hydrocarbures russes. Notons cependant que l’Autriche s’oppose pour le moment aux sanctions énergétiques. De plus, le président américain Joe Biden a proposé un procès pour crimes de guerre, qualifiant Vladimir Poutine de « criminel de guerre ». Joe Biden a également déclaré que la Maison Blanche travaillait sur des sanctions supplémentaires contre la Russie.
Ces sanctions présumées pourraient, entre autres, concerner une interdiction des importations d’hydrocarbures russes en Europe. Une telle interdiction serait alors susceptible de désorganiser les flux commerciaux mondiaux. En effet, le gaz russe représentait environ 45 % des importations de gaz de l’UE et près de 40 % de sa consommation totale de gaz en 2021. De la même manière, 2,7 millions de barils de brut étaient exportés chaque jour vers l’UE. Cela représente un quart des importations de brut de cette dernière.
Les potentielles sanctions impactent le marché du brut
Il n’existe pas encore de sanctions officielles au niveau de l’UE concernant l’achat et l’utilisation de pétrole russe. Cependant, environ 2 millions de b/j de brut russe ont déjà été perturbés en raison de « l’auto-sanction » des raffineurs et négociants selon S&P Global. En effet, de nombreuses sociétés européennes ont déclaré ne plus vouloir de pétrole russe.
De plus, la menace de nouvelles sanctions impacterait déjà le comportement des acteurs du marché du pétrole. Yeap Jun Rong, analyste de marché chez IG, se confie dans une note du 5 avril :
« Les plans de nouvelles sanctions contre la Russie suggèrent que les tensions géopolitiques pourraient être là pour rester, ce qui a ravivé les craintes d’une perturbation plus prolongée de l’approvisionnement en pétrole. Les prix du pétrole pour le mois de mai ont également été relevés par l’Arabie saoudite pour tous les clients des régions, y compris l’Asie, ce qui reflète un marché pétrolier tendu, le brut russe restant boudé par les acheteurs ».
Les prix du pétrole flambent
Les rapports ont fait bondir les deux indices de référence du brut pendant la nuit, pour atteindre une hausse de 3 à 4 % sur la journée. À titre d’exemple, Saudi Aramco a augmenté les prix de vente officiels de manière générale pour les cargaisons chargées en mai. Les barils destinés à l’Asie connaissent les plus fortes augmentations, entre 2,70 $/b et 4,40 $/b. Les prix proviennent d’un document de tarification publié par Aramco le 4 avril.
Par ailleurs, des sources avaient informé S&P Global avant l’annonce. Elles estimaient qu’Aramco augmenterait ses prix de vente officiels pour les cargaisons de brut chargées en mai. Le montant record de l’augmentation était estimé à 4 à 5 dollars par baril. La volatilité de prix provoquée par la guerre entre la Russie et l’Ukraine fait peser une véritable tension sur le marché.
Autre exemple, les swaps de brut de Dubaï et les spreads intermensuels étaient en hausse en milieu de matinée en Asie le 5 avril. Le swap de Dubaï de juin était fixé à 101,56 $/b à 10 heures, heure de Singapour. Cela représente une hausse de 3,86$/b par rapport à la clôture du marché asiatique le 4 avril. L’écart intermensuel du swap de Dubaï pour mai-juin était fixé à 1,57 $/b à 10 heures, en hausse de 11 cents/b sur la même période.
Enfin, l’EFS juin Brent/Dubaï était fixé à 7,67 $/b, en hausse de 50 cents/b.
Nous pouvons donc nous attendre à ce que les prix du brut continuent d’augmenter. Cependant, certaines mesures, telles que le déblocage des ressources stratégiques américaines, pourraient ralentir cette hausse dans les prochains jours.