L’Irak est encore dans l’attente d’une réponse de la Turquie avant de pouvoir reprendre ses exportations de pétrole du Kurdistan, ont affirmé vendredi les autorités de la région autonome, au lendemain d’une annonce de Bagdad sur une relance de ces opérations, interrompues depuis fin mars.
Après avoir fait cavalier seul des années durant pour exporter du pétrole via la Turquie, le Kurdistan irakien a dû se plier fin mars à une décision du tribunal arbitral de la Chambre de commerce internationale à Paris en faveur du gouvernement de Bagdad quant à la gestion de ce pétrole.
Suspension des exportations depuis fin mars
Ce verdict a entraîné une suspension des exportations depuis fin mars. Il a aussi contraint Erbil, capitale du Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak, à négocier avec le pouvoir fédéral de Bagdad. Un accord a été trouvé entre les deux parties pour coordonner leur action, et tard jeudi soir, le ministre du Pétrole irakien Hayan Abdel-Ghani a annoncé une reprise des exportations à compter du samedi 13 mai.
Vendredi, le ministre des Ressources naturelles Kamal Mohamed a toutefois tempéré cet optimisme au micro d’une télévision kurde locale. « Nous sommes dans l’attente d’une décision de la Turquie concernant le jour de reprise des exportations », a nuancé le ministre interrogé par la chaîne Rudaw. Il a assuré avoir appris auprès de son homologue à Bagdad que l’Irak « est prêt à reprendre les exportations ». « La Turquie doit maintenant informer la partie irakienne de la date de reprise des opérations », a-t-il insisté. « La partie irakienne a envoyé un courrier officiel (mercredi) et nous attendons toujours leur réponse », a souligné M. Mohamed.
L’accord trouvé entre Bagdad et Erbil stipule que les ventes du Kurdistan passeront désormais par l’Entreprise pétrolière d’Etat (Somo) et que les revenus des exportations kurdes iront sur un compte bancaire conjoint. Il entérine aussi la fin de l’indépendance du Kurdistan autonome sur le dossier des hydrocarbures: depuis près d’une décennie l’or noir représentait le poumon économique de la région, avec 475.000 barils exportés quotidiennement via la Turquie, sans l’aval de Bagdad. Et longtemps ces exportations ont été source de tensions avec le pouvoir fédéral. La suspension des exportations depuis plus d’un mois représente un manque à gagner d’environ « un milliard de dollars », a expliqué à l’AFP l’analyste Kovand Shirwani.