Le pétrole Iranien fait grimper les prix du marché mondial depuis que la République Islamique intensifie ses échanges avec la Chine. L’Iran est ainsi en mesure de peser davantage dans les négociations quant à la levée des sanctions Américaines contre son commerce. Est-ce une situation viable à long terme ?
Le pétrole Iranien devenu compétitif sur le marché énergétique mondial
27 mars 2021 – L’Iran et la Chine ont signé une coopération bilatérale pour le commerce et la sécurité. Cet accord durera 25 ans et prévoit une augmentation des flux commerciaux entre Pékin et Téhéran. De fait, la Chine va bénéficier d’un meilleur accès au pétrole Iranien, malgré les lourdes sanctions imposées par les États-Unis. En contre-partie, elle s’engage à soutenir et investir dans le secteur énergétique de l’Iran (énergie nucléaire, renouvelables et fossiles).
Cette coopération a été signée par les Ministres des Affaires Étrangères respectifs de chaque pays. Avec une demande domestique énergétique croissante en Chine, le président Rohani voit en Pékin un partenaire stratégique non-négligeable pour l’Iran. Les flux commerciaux entre ces deux pays équivalent aujourd’hui à 18 millions de dollars, seulement.
L’Iran répond à la forte croissance de la demande Chinoise en pétrole
Cette dynamique de rapprochement entre la Chine et l’Iran peut s’observer déjà depuis quelque temps. En effet, l’Iran voit ses exports pétroliers en hausse depuis 2019, grâce à la forte demande Chinoise. Entre novembre et mars, 557.000 barils de pétrole ont été exporté vers la Chine.
Mais ce n’est qu’en 2020, le baril de pétrole ayant dépassé les 6o dollars, que la dynamique s’est renforcée. Et ce, malgré les lourdes sanctions américaines imposées sur les acheteurs de pétrole Iranien.
La Chine souhaite la fin des sanctions économiques contre l’Iran
La République Islamique a su contourner les sanctions économiques afin de développer ses exports de pétrole brut et raffiné. Le baril de pétrole Iranien revient même moins cher de 6-7$ que celui produit au Brésil, selon l’agence S&P. C’est d’ailleurs pourquoi la production Iranienne de pétrole brut a augmenté ces derniers mois.
Le Ministre Chinois des Affaires étrangères a même exhorté les États-Unis à lever les sanctions contre l’Iran imposées à la suite du retrait Américain de l’accord sur le nucléaire (JCPOA) sous l’administration Trump en 2018. Toutefois, la nouvelle présidence Biden montre une certaine flexibilité et parle d’un retour aux négociations avec la République Islamique.
Croissances des échanges sino-iraniens et augmentation du prix du pétrole
Le rapport d’observation de S&P affirme que l’OPEP (Organisation des pays producteurs de pétrole) a atteint 2,14 millions de barils/jour en février 2021. Une augmentation de 190.000 barils/jour depuis août dernier, lorsque l’Iran a enregistré sa plus basse production pétrolière en 33 ans. Cette production croissante va seulement se renforcer avec le nouvel accord bilatéral sino-iranien.
Du fait d’une forte croissance (21%) des importations pétrolières en Chine, le prix du pétrole est en hausse. Par exemple, les contrats à terme pour le Brent ont vu une augmentation de 0,6 % (soit 63,67$ le baril). Les contrats à terme pour le brut Américain, eux, ont augmenté de 0,8 % (maintenant à 60,18$ le baril).
La production iranienne croissante de pétrole impacte l’OPEP
L’OPEP a même revu ses prévisions de la demande en pétrole pour 2021 à la hausse. Elle estime nécessaire d’accroître sa production d’environ 70.000 barils/jour, soit de 6,6 %. Goldman Sachs prévoit au T3 une production atteignant 2 millions de barils/jour et un prix atteignant 75$ le baril.
Néanmoins, il est intéressant de souligner que les importations Chinoises en pétrole Iranien ne vont pas seulement impacter les prix. Mais cela va aussi impacter le restant des producteurs pétroliers, comme la Russie, l’Angola ou encore le Brésil. Le pétrole Iranien étant moins cher, ces pays exportateurs de pétrole ont dû dévier leurs cargaisons vers l’Europe et l’Inde.
Une demande croissante à court terme ?
Face à cette tendance haussière sur le marché du pétrole, Goldman Sachs reste toutefois de marbre. D’ici 2025, la demande en pétrole deviendra « anémique », selon la banque d’investissement. Le secteur du transport, qui représente 43% de la demande en pétrole, n’aura plus autant besoin des énergies fossiles.
En cause, le déploiement des véhicules électriques, du télétravail, ainsi que le resserrement des réglementations européennes sur les émissions carbone. Après 2026, les analystes affirment que le secteur pétrochimique deviendra le nouveau moteur de la demande en pétrole.