Les marchés mondiaux de pétrole resteront serrés et favorables à une hausse des prix jusqu’en 2023. C’est l’avis de M. Hardy, PDG du négociant en pétrole Vitol. Il s’exprimait en marge du Forum économique du Qatar, le 21 juin. Les explications de cette tension sur les marchés s’expliquent par une augmentation de la demande pétrole, la faiblesse dans les infrastructures de production et les incertitudes géopolitiques.
Une demande de pétrole en hausse
Tout d’abord, Vitol s’attend à une croissance de la demande mondiale de pétrole de 2 à 3 millions de b/j en 2023. La demande continue de se redresser par rapport aux niveaux les plus bas du COVID-19. Platts Analytics corrobore les approches de Vitol. Ainsi, il prévoit une croissance de la demande mondiale de pétrole de 2,5 millions de b/j l’an prochain. Ceci représente environ 1 million de b/j de plus que le niveau moyen de 2019.
» Il est difficile de voir les marchés céder beaucoup de terrain tant que nous ne constatons pas un certain ralentissement de la demande. «
Ensuite, Vitol souligne que la demande continue d’augmenter malgré les inquiétudes sur une faible croissance mondiale. Platts Analytics rejoint son confrère dans son analyse sur » l’emballement des prix ». Du fait que l’offre de pétrole ne suit pas cette augmentation de la demande, il y a le risque d’une plus grande volatilité des prix. Cette augmentation des prix à la pompe constitue le principal sujet de préoccupation à court terme.
La faiblesse structurelle de l’offre
Premièrement, M. Hardy réitère ses avis récents où la pénurie de l’offre de pétrole est le résultat d’un manque d’investissement au cours des dernières années. Il met en lumière également la problématique la faiblesse des stocks et le manque de capacité de raffinage disponible.
» La solution consiste à augmenter le nombre de raffineries. Cela fera fonctionner plus de bruts, pour produire plus de produits. «
Deuxièmement, il y a la politique zéro COVID en Chine. Le pays lutte pour contenir le virus. Cela signifie que ses raffineries ne fonctionnent pas à pleine capacité. Les conséquences sont une baisse des niveaux d’exportations de produits pétroliers chinois.
L’impact des sanctions russes
Selon Platts Analytics, l’offre russe diminuera de 2 millions de b/j d’ici à la fin de 2022. Cette prévision tient compte du durcissement des sanctions de l’UE sur les importations de son pétrole.
Néanmoins, M. Hardy prévoit davantage de brut et de produits pétroliers se diriger vers l’Asie l’année prochaine. Du fait que l’Europe évite le pétrole russe, les raffineurs asiatiques trouvent le moyen d’importer davantage de pétrole russe à prix réduit.
» À l’horizon 2023, nous verrons davantage de brut et de produits russe partir vers l’Asie. L’Europe va devoir importer du diesel du Moyen-Orient et d’autres région. »
C’est ainsi que l’Inde et la Chine dont la demande intérieure en pétrole est en hausse apparaissent comme des marchés potentiel pour la Russie. La Chine et l’Inde ont augmenté leur part de brut russe expédié à près de 30 % et 20 % par rapport aux niveaux d’avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Les importations chinoises de pétrole russe atteignent 2 millions de b/j en mai, une augmentation de 55 % en glissement annuel. Ces chiffres sont des données officielles reprises par Kpler.